La technologie nécessaire au bon fonctionnement de la téléphonie mobile va entraîner une révolution : les anciennes fréquences 2G et 3G vont être délaissées par les opérateurs. Or, la connexion des alarmes...
Emmanuel Macron est-il autoritaire ?
Planet : Vous êtes l'auteur de l'ouvrage Macron ou la démocratie de fer, publié aux éditions l'Archipel. Qu’est-ce qui motive un titre aussi dur ? Faut-il y voir une série de reproches formulés à l’encontre du président ou simplement une analyse de son mode de gouvernement ?
Michaël Darmon : Il ne s’agit pas d’une quelconque sévérité à l’égard d’Emmanuel Macron. Ce titre n’est motivé que par un constat. D’abord je tiens à rappeler, et c’est l’évidence, que nous sommes encore en démocratie. Toutefois dans la façon qu’Emmanuel Macron a d’exercer le pouvoir, il y a une dimension autoritaire plus marqué et plus assumée qu’elle ne l’était par le passé. La Vème République permet ce rapport à l’autorité dans la pratique présidentielle mais ses prédécesseurs avaient fait le choix de de ne pas en faire l’usage, ou en tout cas moins que lui. Le chef de l’Etat, de son côté, n’hésite pas à en jouer. C’est une dimension nouvelle dans l’exercice du pouvoir.
A lire aussi :Emmanuel Macron : sa mystérieuse stratégie pour venir à bout de la grève
Planet : Dans ce livre, vous entendez réaliser une exploration des coulisses de la "Macronie" que vous décrivez comme une démocratie-autoritaire. En pratique, qu’avez-vous trouvé ?
Michaël Darmon : C’est quelque chose qui s’est manifesté dès ses premiers pas en tant que Président de la République. Rappelez-vous du limogeage du Général Pierre de Villiers, qui avait choqué tout le monde ! C’était l’un des actes fondateurs d’Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’il a pu dire, montrer même, qu’il prenait la main sur l’Etat et sur les militaires. Il s’agissait d’un exercice autoritaire du pouvoir qui lui a permis de rappeler qu’il était le chef. Il n’a pas hésité à le dire ouvertement et sans détours, le 13 juillet 2017, dans une charge dirigée contre la grogne militaire. Ses propos n’étaient pas valables que pour les militaires. Ils le sont pour l’ensemble de la population.
C’est une attitude qui correspond d’ailleurs à la sociologie du gouvernement en place. Il est composé d’experts qui tranchent sans nécessairement s'embarrasser de trop de contestation. C’est une gouvernance nouvelle qui met en place des méthodes nouvelles dans l’espoir de remettre la France sur pied.
Dans une dimension plus soft, on pourrait aussi parler de toute la scénographie verticale qu’il a mis en place devant la pyramide du Louvres, après son élection.
Planet : "Pour lui, il s’agit moins d’apporter une réponse à une demande d’autorité des Français qu’un programme soumis aux tempêtes de la réalité", écrivez-vous à l’égard d’Emmanuel Macron. Le président cache-t-il encore, selon vous, son côté autoritaire ?
Michaël Darmon : Non, il ne cherche absolument pas à le cacher. Au contraire même, c’est quelque chose de très assumé. On le constate à chacune des scènes de contestation qui passent dans les médias. Il est parfois pris à parti par des infirmières, des cheminots… Il accepte alors le débat, reste très courtois mais au final, il ne bouge pas. Il écoute sans évoluer. C’est probablement ce qui ressort, d’ailleurs, de l’interview qu’il a donné à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Les journalistes étaient très pugnaces, certes, mais ils n’ont pas su infléchir les positions du président de la République. Cet entretien c’était, je pense, une façon de mettre en scène sa détermination.
Planet : L’opposition et les syndicats entendent faire fléchir Emmanuel Macron. Le croyez-vous capable de changer son rapport au pouvoir ou de reculer ?
Michaël Darmon : Non. En aucune manière. Reculer, pour Emmanuel Macron, cela signifierait changer son rapport au pouvoir. Or, c’est précisément ce rapport au pouvoir qu’il entend proposer aux Français et que ces derniers valident. Ils lui reconnaissent son autorité, sa vision et la tenue de ses promesses. Il a fait de ce dernier point un véritable mantra qu’il répète à chaque interview. "Je fais ce que j’ai dit", assure-t-il systématiquement. On peut critiquer son action, mais force est de reconnaître qu’il tient, jusqu’à présent ses promesses. Et rien ne laisse penser qu’il change son rapport au pouvoir et à l’autorité dans l’immédiat.
Planet : Par le passé, vous avez travaillé sur le Front National, Nicolas Sarkozy… Outre son ascension aux plus hautes responsabilités de l’Etat, quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous intéresser à Emmanuel Macron ? Aviez-vous décelé quelque chose chez lui ?
Michaël Darmon : J’ai l’habitude de suivre et de chroniquer le pouvoir. Forcément, j’ai été amené à m’intéresser à Emmanuel Macron. Il y avait matière à regarder et de quoi dresser des comparaisons avec ses prédécesseurs. Il y a d’ailleurs une règle que j’ai constaté à laquelle il n’échappe pas : comme François Hollande avant lui et Nicolas Sarkozy encore avant, le chef de l’Etat a passé les premiers mois de son mandat à tout faire pour effacer l’action du président précédent. Ensuite, seulement, il a commencé à mettre en place la sienne.
Planet : Comment avez-vous procédé dans le cadre de cette enquête ? Avez-vous mené des entretiens particuliers ?
Comme dit précédemment, je travaille en observant la classe politique et tout spécialement l’exécutif. Quand j’ai décidé de commencer à travailler sur cet ouvrage, j’ai donc observé et amassé assez d’informations au fur et à mesure de mes chroniques pour pouvoir écrire ce livre. Je n’ai pas demandé d’entretiens, dans la mesure où j’ai estimé que, en tant que journaliste, je n’avais pas à demander le droit d’écrire sur le président de la République.