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"Tous ceux qui ont couru après l’extrême droite, on a vu ce que ça a donné : les Français choisissent toujours l’original à la copie...", s’inquiétait récemment une ministre anonyme, dans les colonnes du Parisien. Elle évoquait la stratégie électorale choisie par le président de la République, en prévision de 2022. La majorité voit déjà très loin, comme en témoignent d’ailleurs les inquiétudes de l’Elysée eut égard à une potentielle candidature de Cyril Hanouna. Mais le trublion du PAF est loin d’être le seul à effrayer le chef de l’Etat, à en croire les révélations du quotidien régional. "Si je suis battu par Marine Le Pen, ce sera sur le terrain du régalien", glisserait-il parfois à ses plus proches conseillers, depuis six mois. "Ce n’est pas sur l’économie qu’on sera jugé, mais sur les questions régaliennes, la sécurité, l’immigration et le communautarisme", affirme-t-il encore. D’autres, au gouvernement, prennent moins de pincettes : "Il a certes fait baisser les impôts et le chômage. Mais si ta fille ne peut pas rentrer du cinéma après 22 heures sans risquer de se faire agresser, eh bien, tu votes Le Pen". Avec une réponse toute trouvée, déjà mise en pratique depuis des mois. "Il a d’évidence identifié là où le bât blesse. Sa stratégie est désormais claire : mettre le paquet sur ces sujets avant la présidentielle", explique un "habitué du Palais".
Pour séduire l’électorat de droite, Emmanuel Macron avait choisi de s’expliquer dans les colonnes de Valeurs Actuelles, en 2019. Une interview qui "s’inscrit bien dans la continuité de la mutation de la base électorale vers la droite", affirmait d’ailleurs Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop aux micros de 20 minutes qui analyse les raisons poussant le chef de l’Etat à parler à cette droite-là, loin de ses racines. "Il sait que les sympathisants LR le suivent déjà sur les réformes économiques et sociales mais qu’ils sont plus proches du RN sur les sujets régaliens. Il envoie donc un message à ceux qui, à droite, ne l’ont pas encore rejoint car le trouvent trop ‘léger’ sur ces questions", expliquait d’ailleurs Jérôme Sainte-Marie, fondateur de l’institut PollingVox.
Mais, en abordant ces thématiques et en chassant plus à droite, Emmanuel Macron ne risque-t-il pas de tomber dans un piège, comme le craignent certains de ses proches ? Ce n’est pas nécessairement l’avis de Raul Magni-Berton, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP, Sciences-Po) de Grenoble.
Emmanuel Macron "piégé" par le RN : peut-il retourner ses armes contre lui ?
"Jusqu’à présent, il me semble qu’Emmanuel Macron avait su éviter ces sujets. Pour autant, il est important de rappeler qu’il s’agit de questions chaudes, qui clivent… Et donc qui soudent. En se saisissant de ces thématiques, le président de la République peut aussi faire corps autour de son projet, rassembler celles et ceux qui pourraient voter pour lui et son hostiles au Rassemblement national (RN)", note le politologue qui estime d’ailleurs que le chef de l’Etat a tout intérêt à retrouver un RN (ex-FN) en 2022.
"Emmanuel Macron ne cherche évidemment pas à récupérer les électeurs de Marine Le Pen. Bien au contraire, il vaut mieux qu’ils continuent à voter RN. S’il souhaite que l’électorat de l’extrême droite se maintienne, c’est bien pour la rencontrer une nouvelle fois au second tour", juge le professeur. A l’inverse, selon lui, Marine Le Pen devrait acculer Emmanuel Macron sur le plan social pour pouvoir mettre le président de la République en difficulté. "En marquant l’importance des sujets du RN, le chef de l’Etat empêche sa normalisation", soutient le chercheur.
Emmanuel Macron et le RN : une stratégie payante ?
"Une chose est sûre : il s’agit de sujets vivants, au sens où ils reviennent régulièrement dans l’actualité. Il est donc difficile de ne jamais s’en saisir", rappelle d’entrée de jeu le politologue. Selon lui, il n’est donc pas question d’abandonner ces thématiques au Rassemblement nationale, d’autant moins que certains sujets sont réels, explique-t-il.
"Je ne crois pas que le volet sécuritaire doit être mécaniquement être laissé à l’extrême droite. Même sans la famille Le Pen, le contexte géopolitique, fait pour partie de guerres civiles dans lesquelles la France a décidé d’intervenir, aurait permis la montée de ces politiques. Il ne s’agit pas là que d’une considération électorale", fait valoir Raul Magni-Berton.
"Certes, sur le seul plan électorale, c’est une stratégie que l’on peut comprendre. Elle consiste à permettre le maintien du Rassemblement national pour mieux l’affronter au second tour. Mais il est difficile de dire si elle sera payante : le front républicain est usé. Il ne tiendra pas éternellement", alerte cependant le chercheur en sciences politiques.
Emmanuel Macron peut-il vraiment se présenter comme le président de l’ouverture ?
Ils ont permi à Samira de rester. Après des jours de mobilisation et de polémique, Christophe Castaner expliquait pourquoi la jeune ivoirienne, âgée de 10 ans en 2019, ne serait pas expulsée. "Le droit au séjour de Samira et de son père va être réexaminé compte tenu de leur situation familiale particulière", écrivait le ministre de l’Intérieur, le 9 novembre sur son compte Twitter. En retournant en Côte d’Ivoire, l’enfant risquait l’excision, rappelle Cnews.
Pourtant derrière ce seul fait se cache une autre réalité, une autre politique. S’il avait promis d’accueillir les réfugiés, Emmanuel Macron a pourtant refusé à l’Aquarius de débarquer des migrants sauvés en mer sur les côtes du pays, souligne Libération. Sans oublier la façon dont ont pu être - et dont sont - traités les personnes arrivées depuis les côtes étrangères. Un autre récit que racontait déjà Slate en 2017, alors qu’étaient invisibilisé les camps et leurs résidents, par exemple. Le pure-player, qui consacrait une longue enquête à la question, évoquait alors une action "répressive", et de plus en plus inhumaine.
"Cette contradiction, si condamnable puisse-t-elle être sur le plan logique, n’est pas si problématique d’un point de vue électoral car Emmanuel Macron demeure un candidat centriste. Il peut se dire le candidat de l’ouverture, car c’est ainsi qu’il sera perçu à droite et qu’il ne compte pas sur l’électorat issu de la gauche", rappelle cependant Raul Magni-Berton.