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Depuis le dégainement de l’article 49-3 pour faire passer la réforme des retraites, la place d’Elisabeth Borne à la tête du gouvernement semble sans cesse remise en question. Récemment, c’est sa prise de position sur le Rassemblement national qui a créé un désaccord avec le chef de l’Etat.
Interrogée sur Radio J le 28 mai 2023, la Première ministre avait chargé le parti d’extrême droite en le désignant comme "héritier de Pétain". "Je ne crois pas du tout à la normalisation du Rassemblement national. Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes. Alors maintenant, le Rassemblement national y met les formes, mais je continue à penser que c'est une idéologie dangereuse", avait-elle expliqué.
Elisabeth Borne en sursis à Matignon ?
Une déclaration qui n’a pas été au goût d’Emmanuel Macron, qui ne s’est pas empêché de recadrer Elisabeth Borne en Conseil des ministres. "Il faut combattre l’extrême droite mais on ne la combat pas avec les mots des années 90 et des arguments moraux, ça ne marche plus", a-t-il estimé, ne manquant pas de faire réagir la gauche et une partie des soutiens de la Première ministre.
Après les rumeurs concernant un possible évincement de cette dernière, le président de la République a décidé de réaffirmer publiquement "toute sa confiance" à Elisabeth Borne lors de son déplacement en Slovaquie le 31 mai.
Malgré tout, les hypothèses sur un départ anticipé de la locataire de Matignon planent encore dans les esprits. Certains ministres majeurs semblent même lorgner sur son fauteuil et l’un d’entre eux n’hésite pas à exprimer publiquement ses désaccords avec la principale concernée.
Elisabeth Borne et Gérald Darmanin : des profils bien différents
Depuis le début de l'ère Borne du gouvernement, les différences entre la Première ministre et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sont exposées aux yeux de tous. Elle, formée à la politique par le socialiste Lionel Jospin. Lui, issu de la droite populaire et du RPR. Les deux personnalités politiques possèdent des stratégies fondamentalement différentes.
"Tout les oppose. Il essaie de montrer qu’il est populaire, là où elle est perçue comme distante ; que lui est ancré dans la ruralité, là où elle est technocratique", expose un confident d’Emmanuel Macron à nos confrères du Parisien.
Depuis le début de la tempête de la réforme des retraites, Gérald Darmanin semble lorgner sur le poste de Premier ministre. Il avait pourtant affirmé auprès de RTL n’être "candidat à aucun autre poste que celui de ministre de l’Intérieur" en mars 2023.
Cependant, dans les coulisses, le ministre se permet de prendre certaines libertés.
Gérald Darmanin et Elisabeth Borne : des désaccords en coulisses
En tant que personnalité importante du gouvernement, Gérald Darmanin traite directement avec le président de la République, et ce, régulièrement. "Il s’arroge une forme de liberté", confie un ministre.
En mai 2023, le Canard enchaîné avait notamment dévoilé que le ministre de l’Intérieur avait directement demandé à Matignon d’exempter son ministère d’une consigne qui venait de passer à tous le gouvernement, réduire de 5% leur dépense. Il s’était défendu en avançant que Beauvau faisait alors l’objet d’une loi de programmation sur la période 2023-2027, une excuse qui n’avait pas convaincu Elisabeth Borne. "C’était chaud", souffle un ministre à nos confrères.
Malgré leurs désaccords, les deux personnalités politiques sont dans l’obligation de travailler main dans la main. Et si Gérald Darmanin envie probablement le statut de sa supérieure, il n’a pas d’intérêt à la faire tomber. "Ni l’un, ni l’autre, n’a intérêt à jouer à ça, jauge un autre. Le sur-affaiblissement de Matignon leur nuirait à tous. Chacun en a bien conscience", explique un député Renaissance dans les colonnes du quotidien francilien.