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"Hier, Simone de Beauvoir, aujourd’hui Brigitte Macron" aurait déclaré Marlène Schiappa en mars d’après les informations du Canard Enchaîné et de Closer. Une comparaison qui dit toute l’amitié que la secrétaire d’Etat porte à la première dame mais qui résonne d’une façon peut-être un peu étrange.
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"Spontanément, ça ne me serait pas venu à l’esprit", indique Laurent Avezou, docteur agrégé en histoire et professeur en classes préparatoire qui travaille sur les mythes politiques de l’histoire de France. A ses yeux, la comparaison n’est d’ailleurs pas à l’honneur de Brigitte Macron. "A l’inverse de Simone de Beauvoir, Brigitte Macron n’a pas d’oeuvre intellectuelle à défendre. A certains égards, elle peut être perçue comme l’incarnation de l’émancipation de la femme pour laquelle s’est battue Simone de Beauvoir. Toutefois, elle existe essentiellement dans un rôle de conjointe et de représentation", estime l’historien qui rappelle que de son côté, "Simone de Beauvoir, même si elle s’est longtemps sentie phagocytée par Jean-Paul Sartre, existait à ses côtés".
Toutefois, la comparaison n’est pas dénuée de logique aux yeux d’Eliane Cariou. L’écrivaine, philosophe, diplômée de lettres qui ne cache pas son engagement en faveur de la famille Macron sur son profil facebook juge même qu’elle est "très justifiée". "Marlène Schiappa ne dit pas de Simone de Beauvoir et Brigitte Macron qu’elles sont identiques. Cependant, sur le plan symbolique leurs ressemblances sont incontestables. Elles incarnent toutes les deux une image de la femme française libérée et de la France comme pays où l’on peut choisir sa vie et s’affranchir des tabous", souligne-t-elle. Pour elle, les deux femmes ont bousculé les codes auxquels elles étaient supposées se soumettre et illustre que "dans l’Hexagone, c’est possible". "Même si c’est parfois dur, le système social n’est pas bloquant au point qu’on ne puisse pas le contourner", déclare la philosophe. Et ce n’est pas tout : Brigitte Macron et Simone de Beauvoir auraient d’autres points communs. "Elles prouvent la réalité de la devise française. Liberté, de la femme. Egalité homme-femme et finalement Fraternité entre les deux sexes dans un féminisme non-hostile", conclut l’écrivaine.
Des différences très marquées
S’il y a bien une différence entre les deux femmes, cependant, c’est probablement sur les plans politiques et sociaux qu’elle se trouve. "N’oublions pas que Simone de Beauvoir se voulait hors-système, comme Jean-Paul Sartre. Du système, elle contestait les mécaniques et entendait les démonter. Ce n’est pas du tout la posture de Brigitte Macron", explique Laurent Avezou. "Brigitte Macron exerce une fonction à côté du régalien. Elle s’inscrit dans la continuité du rôle des conjoints de président dans la Vème République, soit une fonction de représentation. Son influence à l’intérieur de l’appareil politique est bien moindre que celle qu’exerçait Simone de Beauvoir, depuis l’extérieur et dans le but de le déconstruire."
Pour l’historien, cette volonté d’associer aux personnalités publiques contemporaines les icônes du passé (même proche) n’est pas très étonnant. "C’est un trait culturel assez prégnant en France, même s’il existe aussi ailleurs. A mon avis, on ne pourrait pas mieux l’illustrer qu’en paraphrasant Le Guépard, de Lampedusa", souligne-t-il. Dans son unique roman, l’auteur italien écrivait "Il faut que tout change pour que rien ne change". "Il y a en France un paradoxe entre une forte envie de rupture illustrée par des moments historiques comme la Révolution française ou Mai 68 et le désir d’un éternel ou d’un socle impavide qui ferait la France", précise le docteur en histoire pour qui ce rapport aux icônes "contribue à générer une certaine forme de continuité".