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"Manipulation", "scandale d’Etat", "police politique"… L’affaire Jouyet-Fillon fait autant de remous à droite que dans la majorité. Sur la sellette, le secrétaire général de l’Elysée se fait discret car houspillé par l’UMP qui réclame sa démission. De son côté, François Fillon hurle au complot et multiplie les offensives par le biais de son avocat. Ce matin encore, Me Versini-Campinchi qualifiait les journalistes du Monde de "supplétifs d’une police politique". Réveillant le spectre des querelles intestines à droite, l’affaire porte également le discrédit sur l’Elysée. Dès lors une question une question se pose : à qui profite le crime ?
À la "victime" Nicolas Sarkozy ?
Pour le quotidien Libération, cela ne fait aucun doute. Cette affaire fait inéluctablement le jeu de Nicolas Sarkozy dans la mesure où le candidat à la présidence de l’UMP pourra, et il l’a déjà fait, "à nouveau se poser en victime". Eric Decouty va même jusqu’à affirmer que l’ex-président "ne pouvait rêver d’une telle aubaine". Cependant, est-ce si simple ? Rien n’est moins sûr.
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En effet, si cette histoire lui permet de dénoncer les attaques dont il fait l’objet, celle-ci n’est qu’un épisode de la vaste affaire Bygmalion portant sur le trucage de ses comptes de campagne de 2012. Ainsi, le politologue Thomas Guénolé explique dans les colonnes du Figaro : "Même si l'entretien entre François Fillon et Jean-Pierre Jouyet lui permet d'accréditer la thèse du complot judiciaire, il remet sur le devant de la scène une autre affaire (Bygmalion ndlr) oubliée par le grand public". Ainsi, si Nicolas Sarkozy peut y trouver un gain à court terme, le FN trouve dans cette affaire l’exemple parfait pour en remettre une couche sur la dénonciation de l’UMPS.
À Marine Le Pen, pourfendeuse de l’UMPS ?
"Et pendant ce temps le FN jubile" explique L’Est Républicain. En effet, voici là l’occasion rêvée pour Marine Le Pen de recycler son vieux slogan contre ce qu’elle appelle l’UMPS. "Cette affaire est symbolique. Elle se symbolise dans la personne de Jouyet, aujourd'hui secrétaire général de l'Elysée dans un gouvernement socialiste, hier sous-ministre de François Fillon. Ce sont les mêmes" a déclaré sur France 3 la présidente du Front National.
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Et elle n’est pas la seule, tous les cadres du parti frontiste s’engouffrent dans la brèche à l’image de Gilbert Collard qui dénonce un "dîner de cons" ou de Louis Aliot qui décrit son parti comme étant "en dehors des connivences". Un profit à court terme indéniable pour Marine Le Pen.
À Alain Juppé éloigné des affaires ?
Et si c’était le maire de Bordeaux qui tirait son épingle du jeu ? En effet, que ce soit dans l’affaire en elle-même ou bien dans celle qui la précède (Bygmalion), Alain Juppé apparaît comme très éloigné de ces magouilles politico-judiciaires. Se posant au-dessus de la mêlée, l’ancien Premier ministre prend bien soin de ne pas commenter cette affaire pour montrer qu’il est étranger à toutes les guerres fratricides qui divisent son camp. "Alain Juppé, il n'est ni impliqué dans la guerre des chefs à l'UMP, ni cité dans un scandale politico-judiciaire" explique ainsi Thomas Guénolé.
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À François Hollande garant de l’indépendance de la justice ?
Interrogé sur France 5 sur cette affaire, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone a ironisé sur la situation : "On peut bien constater qu'avec le président Hollande il n'y a pas de Paul Bismuth à l'Élysée" sous-entendant par-là que l’indépendance de la justice est préservée. Les journalistes du Monde ne disent pas autre chose. Selon leur version, l’Elysée s’est refusé d’interférer avec la justice. Ainsi, si la thèse défendue par les journalistes se confirme, François Hollande pourra apparaître comme celui qui n’a pas tenté d’influer sur le cours de la justice. Ce qui, de fait, jouerait en sa faveur.