De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Le lundi 17 avril 2023, lors de son allocution suite à l’adoption contestée de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a annoncé un plan de "100 jours d'apaisement" et "d'action". Alors que beaucoup attendait l’annonce d’un retrait de la loi, le président a annoncé une "feuille de route" pour la mise en œuvre de "trois grands chantiers prioritaires".
Le cap fixé par le président est donc clair : de nouveaux chantiers afin de tourner la page de la réforme des retraites. Le mercredi 26 avril 2023, Élisabeth Borne a détaillé le programme de cet agenda. Mais pourquoi se donner 100 jours pour mener de front autant de chantiers législatifs ? Pourquoi donner comme date butoir celle de la Fête nationale ?
"100 jours" : un choix qui ne doit rien au hasard
Le choix de 100 jours rappelle des moments forts de l’Histoire : qu’il s’agisse de la reconquête du pouvoir par Napoléon Bonaparte en 1815 ou de la période où le président américain Franklin D. Roosevelt voulait réformer les États-Unis en 1930, rappelle Ouest-France.
Selon Philippe Moreau Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po Paris, ces 100 jours sont une stratégie bien calculée de la part d’Emmanuel Macron. Interrogé par Ouest-France, il considère que le président cherche à "mettre en scène son retour sur le terrain [...] Il cherche avant tout à retrouver une majorité au Parlement, et à retrouver une forme d’autorité." Comment compte-t-il y parvenir ?
"100 jours" : un moyen de "contrôler" les médias
Selon Philippe Moreau Chevrolet, Emmanuel Macron souhaite reprendre le contrôle de l’agenda médiatique après la crise de la réforme des retraites. "C’est une campagne de communication. En fixant un terme , il contrôle l’agenda politico-médiatique, fixe un début et une fin, et entre les deux, il dit : maintenant, vous allez m’écouter", explique-t-il dans Ouest-France.
L’expression "100 jours" lui permettrait également de ne pas donner de couleur précise à cette relance de début de quinquennat. "Emmanuel Macron a appelé cela 100 jours, faute de pouvoir thématiser fortement cette séquence au caractère plutôt pêle-mêle", analyse Raphaël Haddad, docteur en analyse du discours et fondateur de l’agence Mots-Clés. Elisabeth Borne elle-même a souligné le caractère intense de ce nouvel agenda lors de sa déclaration mercredi 26 avril 2023. "Notre feuille de route est particulièrement dense."
Or, la multiplicité des chantiers et la date butoir du 14 juillet prochain pour un "premier bilan", laisse planer le doute sur la réalisation de toutes ces ambitions dans les temps. Les 100 jours sont-ils un compte à rebours avant un remaniement ministériel ?
"100 jours" ou comment se débarrasser d’Elisabeth Borne ?
"Cette période des 100 jours, c’est aussi une manière de mettre la pression sur sa Première ministre, de faire couler le sablier", analyse Raphaël Haddad, fondateur de l’agence Mots-Clés dans Ouest-France. Et la pression est de taille. "Plein-emploi", "transition écologique", "refondation des services publics", "ordre républicain"… La liste des nouveaux chantiers est longue et contrainte par le temps.
Pourtant, Elisabeth Borne se projette bien au-delà du 14 juillet. Lors de sa déclaration du mercredi 26 avril 2023, elle annonçait proposer un "texte à l’automne" sur l’immigration, puisque "ce n'est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays". À Matignon, le cabinet d’Elisabeth Borne l’appuie : "Les 100 jours, ça n’est pas une durée totem."
Un remaniement n’apparait toutefois pas improbable. De nombreuses divergences ont éclaté entre le chef de l’État et la Première ministre depuis quelques semaines : façons de communiquer différentes, prises de position opposées…
Le 22 mars 2023, quelques jours après l’adoption de la réforme des retraites, Emmanuel Macron s’exprimait sur TF1 et France 2. Interrogé sur la confiance qu’il portait "durablement" ou non à sa Première Ministre, le président a répondu : "Elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale. Et ce que je lui ai demandé c’est de bâtir un programme de gouvernement." Pour la suite, le rendez-vous est pris dans 100 jours.