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Il avait peur. C'est pour ça, assure Ahmed, qu'il n'en a pas parlé aux forces de l'ordre. Il aurait pourtant eu beaucoup à dire, il y a 33 ans déjà. C'est à cette époque là que les gendarmes ont retrouvé le corps d'une enfant de quatre ans, enroulée dans un drap et abandonné dans un fossé de l'autoroute A10, dans le Loir-et-Cher. Face à l'impossibilité d'identifier le cadavre, les autorités ont fini par le désigner comme "la petite inconnue de l'A10". Jusqu'à peu, explique Le Parisien, qui consacre un long article à l'affaire.
En effet, raconte le quotidien régional, la "magie de l'ADN" a récemment permis l'identification de la victime. Il s'agit d'Inass T., fille d'Ahmed T. et Halima E., tous deux venus du Maroc. Aujourd'hui, l'un comme l'autre s'accusent mutuellement. Ils ont été interpellés en 2018, des suites d'une autre affaire sans lien évident. En 2017, l'ADN d'un jeune homme impliqué dans une affaire de violence correspond à celui de l'enfant inconnue. Il s'agit de son frère. De quoi retrouver les parents. Tous deux sont alors mis en examen pour "meurtre et violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans, recel de cadavre" une affaire alors vieille de 31 ans. Ils sont ensuite écroués. L'enquête se poursuit encore aujourd'hui.
Une famille violente ?
L'autopsie laisse peu de place au doute. Inass a fait l'objet de violences particulièrement poussées. Les chercheurs constatent des traces de coups, de morsures profondes. Le Parisien fait aussi écho d'une brûlure au fer à repasser dans le dos de l'enfant. Devant son mari de l'époque, Halima parle d'un "accident", expliquant que "la petite est tombée dessus".
Quant au père, récemment sorti de prison, il clame son innocence. Son ancienne compagne n'hésitent pourtant pas à l'accuser...
Qui frappait Inass ?
Cela fait désormais deux ans que les parents d'Inass sont auditionnés par les enquêteurs. Ses quatre frères et sœurs ont aussi été reçus, indique encore Le Parisien. 31 ans après la découverte du corps, finalement enterré sous X, les enquêteurs progressent.
Inass est morte, semble-t-il, le 10 août 1987. Elle est tombée du haut des escaliers et son père dit l'avoir retrouvée allongée sur un canapé, immobile. Ses deux grandes sœurs lui auraient alors fait une confidence : tout est de la faute de la mère, qui l'a poussée "en disant qu'elle ne savait pas descendre toute seule aux toilettes".
La mère, elle, dit qu'il s'agit d'un "scénario de ses filles inventé par leur père pour l'envoyer en prison", écrit le quotidien. Et si elle admet avoir frappé sa fille, elle dément la violence des coups, parlant uniquement de gifles en cas de crise. Non sans accuser Ahmed, le père, de "taper tout le monde et pas seulement Inass".
Les médecins légistes, qui se sont notamment penché sur les morsures, n'ont pas su affirmer qui avait mordu l'enfant. Mais ils peuvent dire avec certitude que ce n'est pas le père.
Un secret gardé 30 ans durant
D'après Le Parisien, Ahmed T. aurait envisagé sérieusement de gagner le commissariat. En route, il avait cependant fini par faire demi-tour. Et de sceller le secret pour les trois décennies à venir. Quand les gendarmes sont finalement venus le chercher en juin 2018, il leur aurait dit : "Cela fait 31 ans que j'attends votre venue", affirme le titre de presse.
C'est que, entre temps, ce drame – dont on ne sait pas encore s'il est accidentel ou criminel – était tût même au sein de la famille. Le quotidien décrit une famille "plongée dans une autre vie", "entre silences, non-dits et rancœurs".