Jean-Marc Morandini va-t-il aller en prison ?AFP
Accusé de "corruption de mineur de plus de 15 ans", Jean-Marc Morandini pourrait faire l'objet d'une lourde condamnation. Mais le présentateur phare de CNews pourrait-il vraiment finir derrière les barreaux ?
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"En France, on pardonne tout aux gens qui font de l'audience...", assène "un concurrent" de CNews dans les colonnes du Parisien. Il parle bien évidemment de Jean-Marc Morandini, qui cumule parfois jusqu'à trente heures d'antenne sur la chaîne, en une semaine. Un chiffre "vertigineux", note le quotidien, qui s'explique par la multitude d'émissions auxquelles le présentateur à droit : Crimes, mais aussi Urgences ou Retrouvailles. L'animateur fait partie des coqueluches de la 12.

Pourtant, après son renvoi d'Europe 1, d'aucuns auraient pu penser que la carrière de Jean-Marc Morandini connaîtrait un coup d'arrêt, souligne le journal régional. Et pour cause : à l'été 2016, Les Inrocks publient un long dossier sur l'animateur. Il est depuis accusé de "corruption de mineur de plus de 15 ans". "Présomption d'innocence jusqu'au bout", répète un dirigeant du groupe Canal + au Parisien, que le titre de presse suspecte de s’intéresser au moins autant aux données Médiamétrie qu'au respect du droit.

D'après Voici, les faits qui lui sont reprochés seraient survenus entre l'année 2009 et l'année 2013. Deux adolescents ont porté plainte : le premier, dit avoir reçu des SMS à caractère sexuel, dans lesquels Jean-Marc Morandini lui décrit une scène de fellation "très explicite", note le tabloïd. Le second, âgé de 16 ans, l'a poursa part accusé de l'avoir attiré dans un "traquenard". Invité à rejoindre le présentateur à son domicile dans le cadre d'un casting, il déclare avoir fait face à des requêtes obscènes. Jean-Marc Morandini lui aurait demandé de se déshabiller et de se masturber devant lui.

Que risque Jean-Marc Morandini ?

Depuis, le premier plaignant a décidé de retirer sa plainte, mais il maintient ses accusations. Il n'empêche, affirme le journal people : sous peu, Jean-Marc Morandini va "se retrouver devant les tribunaux". Sur la base de son expérience professionnelle, le célèbre avocat pénaliste Joseph Cohen-Sabban éclaire Planet sur les risques qu'encourt l'animateur. IL n'a cependant pas pu consulter le dossier, n'étant pas le conseil de l'un ou l'autre des partis.

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"A ma connaissance, Jean-Marc Morandini est poursuivi uniquement pour 'corruption de mineur de plus de 15 ans. Cela signifie donc qu'il risque jusqu'à 5 ans de prison – sept, si les mineurs n'avaient pas encore 15 ans au moment des faits – ainsi qu'une amende conséquente. Sans oublier, bien sûr, les éventuels dommages et intérêts qu'il pourrait être condamné à verser, sous réserve qu'il soit reconnu coupable", explique d'abord l'avocat, pour qui ce scénario demeure tout de même très improbable.

Prison ferme, sursis... A quoi faut-il s'attendre en cas de condamnation ?

"Il n'y a pas, à mon sens de jurisprudence qui se dégage sur ce domaine", affirme d'abord l'avocat, qui rappelle que de telles affaires "ne sortent pas beaucoup". Pour autant, maître Cohen-Sabban est convaincu que, s'il est reconnu coupable, l'animateur ne sera probablement pas condamné aussi sévèrement.

"Rappelons d'abord que Jean-Marc Morandini ne sera condamné que si la corruption de mineur est retenue. Être poursuivi ne signifie pas mécaniquement être coupable", nuance-t-il d'entrée de jeu. "Du reste, parce qu'il apparaît que Jean-Marc Morandini ne présente de dangerosité au niveau psychiatrique, il ne risque pas d'aller en prison à mon sens. Si le jugement rendu ne va pas dans son sens, il sera plutôt condamné à du sursis simple, probablement avec une obligation de suivi médico-psy. Ce qui risque d'en agacer certains", poursuit Joseph Cohen-Sabban.

"Au fond, il est plausible qu'il y ai eu, de la part de Jean-Marc Morandini, une volonté de se laisser aller à créer des situations impudiques vis à vis des plaignants, mineurs à l'époque. C'est en tout cas ainsi qu'ils l'ont vécu. Mais les faits qui lui sont reprochés ne contiennent pas la gravité d'un viol ou d'une agression sexuelle. C'est le bas de gamme de ce type d'infraction", détaille l'avocat.

La notoriété de Jean-Marc Morandini pourrait-elle infléchir le jugement ?

Une chose est sûre, affirme maître Cohen-Sabban, la notoriété de l'accusé ne sera pas sans impact sur la tenue du procès.

"Le paramètre notoriété va évidemment entrer en compte. Cependant, et c'est assez paradoxal, il pourrait s'avérer bénéfique ou préjudiciable pour Jean-Marc Morandini. Son conseil et lui devront gérer attentivement leur communication à ce sujet pour ne pas risquer de contre-coup", indique l'avocat, pour qui il serait efficace de "plaider l'absence d'intention plutôt que le scandale judiciaire". L'accusé a d'ailleurs déclaré ignorer l'âge du premier plaignant au moment des faits et dit ne pas se souvenir des événements décrits par le second.

"S'il donne dans la victimisation et dénonce un scandale judiciaire, il prendra plus de risques qu'en jouant petit profil », poursuit Joseph Cohen-Sabban qui estime qu'il faudra aussi que Jean-Marc Morandini soit attentif aux éventuels « glissements" s'il ne veut pas être condamné. "A l'approche du procès, certains le présenteront comme un violeur. Si cette image s'accroche, il aura plus de mal à gagner le procès", note encore le conseil qui soutient que, au final "le meilleur communiquant l'emportera probablement".