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AFPEric Dupont-Moretti réalise actuellement ses premiers déplacements en tant que Garde des Sceaux. Quelques jours après avoir été nommé ministre de la Justice du gouvernement Jean Castex, le ténor du barreau s’est ainsi rendu dans un centre éducatif fermé (CEF) d’Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, pour rencontrer des mineurs délinquants. "J’ai toujours pensé qu’il valait mieux construire une école qu’une prison. Les gamins qui sont là sont déchirés par la vie", a-t-il déclaré face aux journalistes et aux caméras qui le suivaient.
"Ces gamins vont revenir un jour ou l’autre dans la société civile et il faut qu’ils reviennent meilleurs, a poursuivi Eric Dupont-Moretti. Je crois en cela passionnément. Ces gamins-là, pour la plupart d’entre eux, n’ont pas de chance. Il faut les aider". Et alors qu’actuellement, la France compte une cinquantaine de CFE, le ministre de la Justice a rappelé que vingt nouveaux centres de ce type allaient prochainement être construits. "Il n’y a pas le laxisme d’un côté et la répression de l’autre, il y a des équilibres à trouver", a-t-il ensuite souligné.
"Alternatives à l’incarcération, les centres éducatifs fermés reçoivent jusqu’à douze jeunes multirécidivistes pour une période de six mois renouvelables une fois, en application d’un contrôle judiciaire, d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’un aménagement de peine", rappelle Ouest-France. En tout, environ 13 000 jeunes y ont été placés depuis 2002.Eric Dupont-Moretti est ensuite allé à la rencontre de quelques-uns des mineurs accueillis en ce moment dans le CFE d’Epinay-sur-Seine. Ce qui a donné lieu à un échange insolite à propos de l’ancienne vie du ministre.
"Je suis un très bon ami à Karim Benzema", a lancé un des jeunes du CFE, visiblement bien renseigné à Eric Dupont-Moretti. Ce dernier a effectivement été l’avocat du footballeur dans l’affaire de la sex-tape de Mathieu Valbuena en 2016. Mais lundi à Epinay-sur-Seine, celui qui a récemment été nommé Garde des Sceaux a refusé d’en parler. Avant même que le jeune ait terminé sa phrase, il balayait déjà le sujet du revers de sa main tout en riant. "C’est mon ancienne vie, vous voyez, lui a-t-il expliqué, l’air amusé. Maintenant, il n’y a plus personne qui est protégé. Le ministre a un regard différent que celui de l’avocat". Et alors que le jeune homme en face de lui a évoqué une "double casquette", Eric Dupont-Moretti a de nouveau balayé cette idée : "Ce n’est pas une double casquette, c’est deux casquettes différentes".
Un échange entre le ministre et un jeune quelque peu incongru qui a été suivi d’un autre plus formel.
Eric Dupont-Moretti a ensuite échangé quelques mots avec Dylan, un adolescent admis dans le CFE d’Epinay-sur-Seine après avoir connu trois périodes d’incarcération. "On a des droits mais on a des devoirs aussi, lui a expliqué le ministre. Tout ça, c’est mis en place (…) pour qu’à la sortie, tu deviennes un citoyen comme les autres". Et celui-ci d’insister : "C’est important ce que vous allez faire plus tard, il y a des gens qui regardent, qui voudraient que ce soit la prison et encore plus de prisons. C’est en étant 'clean' qu’on va continuer ce genre de choses".
Un discours salué par le député LFI Eric Coquerel alors présent lui aussi : "Ce n’est pas habituel qu’un ministre rappelle qu’en prison, ou dans les centres de ce type, l’objectif est aussi la réinsertion, pas seulement la punition. (…) Ca tranche avec le discours sécuritaire de ces dernières années (…) J’espère qu’il aura les moyens de sa politique".
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