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Planet : Comment en êtes-vous venu à déposer un amendement au projet de loi Hamon sur la consommation ?
Daniel Fasquelle : "Tout est parti du jour où, en 2011, j’ai découvert qu’un couple du Var avait crée un site qui référence les restaurants faisant eux-mêmes leurs plats. Je me suis alors dit qu’il y avait un problème : comment dans un pays réputé mondialement pour sa gastronomie, des consommateurs peuvent-ils être excédés au point de créer un site ? J’ai ensuite contacté le Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat) et nous avons déposé un projet de loi en novembre 2012. Cette proposition a ensuite été transformée en amendement au projet de loi Hamon. Celui-ci a été refusé mardi en Commission mais j’ai l’intention de le proposer à nouveau dans l’Hémicycle.
Planet : Concrètement, que souhaitez-vous faire ?
Daniel Fasquelle :Mon projet est inspiré de ce qui a déjà été fait pour les boulangeries. Seules celles qui fabriquent leur pain peuvent s’appeler ainsi, les autres devant recourir à d’autres noms comme ‘Fournil ‘, ‘Rondes des Pains’, etc. Je regrette le manque d’information qui entoure la manière dont sont préparés les plats. Le consommateur doit pouvoir avoir la certitude que ce qu’on lui présente dans son assiette a bien été préparé sur place.
Planet : C’est-à-dire ?
Daniel Fasquelle : Aujourd’hui, la plupart des restaurants ont recours à des sociétés de plats surgelés tout préparés. Le résultat est donc, si l’on prend l’exemple de la blanquette de veau, qu’au lieu d’avoir un plat qui a mijoté pendant des heures en cuisine, les clients se retrouvent souvent avec un plat en sachet sous vide qui a été réchauffé. Cela ne me dérange pas en soit, je ne fais la guerre aux surgelés, mais j’aimerais que cela soit clairement annoncé et qu’il y ait une hiérarchisation des restaurants pour ne pas léser le consommateur. Il y a urgence à agir, sinon les conséquences pourront s’avérer terribles.
Planet : Que craignez-vous ?
Daniel Fasquelle : Et bien d’abord, je crains qu’à force de cuisiner de moins en moins et de recourir à des fournisseurs en plats tout préparés, on en arrive à une banalisation et à un manque de diversité de la cuisine avec exactement les mêmes plats dans plusieurs établissements. Ceci pose également un problème pour ce secteur d’emploi : si on veut le pérenniser, il faut garder des bras pour cuisiner. Cela soulève par ailleurs un problème de concurrence déloyale en termes de charge de personnel entre les différents établissements. Et puis, enfin, quelle image renvoyons-nous de la gastronomie française ? 40% des 80 millions de touristes qui viennent chaque année dans notre pays disent être attirés par notre gastronomie. Viendront-ils toujours si nous continuons sur cette voie ? Il faut sauver la gastronomie française !".