Face à la montée des cyberattaques, le FBI et la CISA recommandent d’arrêter d’envoyer des SMS entre utilisateurs d'iPhone et d'Android. Un conseil qui ne vise pas seulement les Américains mais tous les...
Planet : comment naît la rumeur ?Philippe Aldrin : La rumeur est une nouvelle non-vérifiée, qui présente une contre-vérité de la version officielle et qui apparaît vraisemblable à un segment de la population. On suppose toujours qu’il y a une vérité cachée, que les autorités montent des complots dans le dos de la population. Donc, plus on doute des institutions (politique, judiciaires etc.), plus cela donne du poids à la rumeur. Une fois cette information considérée comme vraie, les personnes qui y croient vont la propager autour d’elles. C’est ensuite la taille de ce segment, soit le nombre de gens qui vont donner du crédit à cette information non-vérifiée, qui va déterminer si la rumeur va ou non prendre de l’ampleur.
Planet : de quoi se nourrit-elle ?Philippe Aldrin : La rumeur se nourrit de ce qui est caché, de ce qui relève du fantasme. La carrière d’une rumeur dépend des univers sociaux qui vont lui trouver de l’intérêt, du nombre de personnes pour qui cette information semble vérifiée, et qui vont ensuite la colporter. Il y a tous les jours des rumeurs qui sont lancées mais beaucoup avortent lorsqu’elles arrivent aux oreilles des gens, faute d’être prises au sérieux.
Planet : peut-on dire que derrière chaque rumeur se cache une part de vérité ? Philippe Aldrin : C’est difficile à dire car il y a des rumeurs qui se sont révélées vraies et d’autres pas. Je pense notamment à François Mitterrand : pendant longtemps le bruit a couru qu’il était malade. On évoquait alors notamment des voyages secrets en province pour soigner le président. Mais à chaque fois, des bulletins de santé étaient publiés pour démentir. Finalement la rumeur disait vrai puisque le chef de l’Etat était bel et bien souffrant. Son médecin a même confirmé par la suite qu’il avait falsifié les bulletins de santé. A contrario, d’autres rumeurs sont parfois infondées et sont ensuite démontées. Souvenez-vous de l’affaire Alègre en 2003 : Dominique Baudis avait été mis en cause par des prostituées de la région de Toulouse dans l’affaire du tueur en série Patrice Alègre. Alors président du CSA, il avait accepté d’en parler au JT de TF1, ce qui avait donné de l’audience à cette rumeur complètement infondée puisque Dominique Baudis a finalement été mis hors de cause en 2005.
Planet : la rumeur est très fréquente dans la sphère politique, pourquoi selon vous ?Philippe Aldrin : Les sujets de prédilections de la rumeur sont les vices cachés. Et alors qu’on demande aux politiciens d’être des personnes de parole avec des valeurs morales, ces derniers font davantage l’objet de rumeurs. On va en effet chercher à montrer l’envers du décor, ce qu’ils tentent plus ou moins de dissimuler et qui va à l’encontre de leur personnage. Ainsi, tout ce qui relève vice, du mensonge, de la drogue, de l’argent et du sexe est privilégié. On peut par exemple citer l’affaire DSK, les déboires judiciaires du fils de Marisol Touraine ou encore l’affaire Hollande-Gayet.
Planet : la rumeur peut-elle être dangereuse pour les politiciens ?Philippe Aldrin : En politique, la rumeur est comme un parasite qui peut véritablement porter atteinte à la personne visée. Quand elle prend, qu’elle est crue par une partie de la société, elle peut ensuite sérieusement affecter l’image d’un politicien. Heureusement, en politique on ne meurt jamais, la rumeur ne fait qu'affaiblir comme pour François Mitterrand et sa fille cachée, Jacques Chirac et son prétendu fils japonais ou encore Valéry Giscard d’Estaing et sa vie nocturne.
Planet : quel est le meilleur moyen de couper court à une rumeur ?Philippe Aldrin : C’est très difficile à dire. Il n’y a pas de technique imparable pour mettre un terme à une rumeur. La tendance qui tend cependant à s’imposer en politique, celle qui est actuellement la plus recommandée par les conseillers, consiste à faire taire la rumeur le plus vite possible et notamment sur les réseaux sociaux pour empêcher sa propagation. Mais encore une fois, j’insiste : il n’y pas de solution miracle".