Réforme des retraites : Elisabeth Borne, grande perdante du prochain remaniement ? ©Lemouton Stephane/Pool/ABACAabacapress
Le vendredi 14 avril 2023, le Conseil constitutionnel examinera la réforme des retraites pour donner son verdict. Au même moment, l'écart d'opinion entre Elisabeth Borne et Emmanuel Macron ne cesse de se creuser. Quel sort sera réservé à la Première ministre alors même qu'un remaniement est pressenti ?
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Le jeudi 13 avril 2023 marquera la douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. En effet, l’intersyndicale souhaite poursuivre la grève et garde l’objectif de faire retirer définitivement le texte. Ce dernier sera examiné le 14 avril prochain. Les Sages auront la possibilité de valider cette réforme, ou d’opter pour une censure partielle ou totale. Les neuf membres du Conseil sont donc au centre de tous les débats cette semaine.

Mais, parallèlement, les discours contrastants de la Première ministre Elisabeth Borne et du président Emmanuel Macron laissent présager un futur remaniement. En effet, depuis quelques semaines, les prises de parole des deux élus ne coordonnent plus. Alors que la Première ministre a battu le record tenu par l’ancienne Première ministre, Edith Cresson, à Matignon, le 4 avril 2023, cette dernière pourrait ne pas faire partie du prochain gouvernement.

Elisabeth Borne cherche à tempérer

La première contradiction entre Emmanuel Macron et sa Première ministre concerne la réforme des retraites et sa communication. Alors qu’Elisabeth Borne rencontrait les syndicats mercredi 5 avril, l’intersyndicale évoquait "un échec" de cette réunion. Pourtant, dans les propos recueillis par Le Monde, la Première ministre appellerait à "ne pas brusquer les choses" et à respecter "une période de convalescence".

Ces propos détonnaient alors avec la position de la cheffe du gouvernement jusqu’à maintenant. Cette dernière ne souhaite également pas que les syndicats"sortent humiliés de cette séquence". Ainsi, elle estimerait que le gouvernement doit "être extrêmement attenti[f] à ne pas brusquer les choses, il faut laisser reposer. Le pays a besoin d'apaisement". Cette politique d’apaisement ne semble être soutenue que par Matignon. Du côté d’Emmanuel Macron, une position plus ferme est véhiculée.

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Emmanuel Macron : en plein déni ?

Le mercredi 22 mars, le président s’exprimait pour la première fois sur le plateau du JT de TF 1 et France 2 depuis l’utilisation du 49.3 par Elisabeth Borne. Lors de cette entrevue, les Français ont pu voir un président assumant sa réforme des retraites. Ce dernier confirmait son adoption et sa mise en vigueur pour la fin de l’année 2023.

Plus encore, alors en déplacement en Chine pour raisonner le président Xi Jinping, il est revenu sur les manifestations en cours. En effet, au moment de la signature d’un pacte de paix pour la guerre en Ukraine par les deux chefs d’Etat, le président niait "toute crise démocratique en France", selon les propos de son entourage recueillis par Challenges. Il aurait à nouveau déploré les "violences" présentes dans les manifestations. Cette ambivalence de discours serait-elle annonciatrice de la fin du règne d’Elisabeth Borne ?

Un remaniement déjà organisé ?

Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont tout de même cherché à défendre une certaine cohésion auprès de l’opinion publique. En effet, "le président de la République coordonne avec la Première ministre", ont affirmé l’entourage d’Emmanuel Macron. De son côté, Elisabeth Borne évoquait une même conception des actions du gouvernement pour les prochaines semaines.

"On partage exactement les mêmes objectifs : apaiser le pays et apporter des réponses concrètes et rapides aux Français", a-t-elle affirmé vendredi dernier. "Je travaille sur la feuille de route qu'il m'a donnée, c'est-à-dire bâtir un programme de gouvernement pour répondre aux préoccupations très concrètes des Français et y répondre rapidement, ainsi que sur un agenda législatif en cherchant des majorités de projet" ajoute-t-elle.

Néanmoins, ces affirmations n’épargneront pas les spéculations sur un futur remaniement. En effet, si Elisabeth Borne occupe toujours son poste, certains évoquent déjà son remplaçant. Parmi les pressentis, on retrouve Gérald Darmanin qui se démarque ces dernières semaines par la politique mise en place lors des mobilisations et par les débats sur les violences policières. Pour l’instant, beaucoup de rumeurs circulent mais aucune information concrète n’est communiquée.