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Le 8 mai dernier, elle est apparue en pleine lumière, elle qui est habituée à oeuvrer dans l'ombre du président. François Hollande vivait alors ses derniers instants en tant que chef de l'Etat et s'apprêtait à passer le flambeau à Emmanuel Macron lors d'une cérémonie toujours très solennelle.
A l'issue de ladite cérémonie, François Hollande est allé voir une femme inconnue du grand public sur la place de l'Etoile pour la présenter à son successeur. Cette femme, c'est Evelyne Richard, la bonne fée des présidents.
Si cette septuagénaire est inconnue du grand public, c'est parce qu'il n'existe aucun article sur elle et qu'elle ne donne aucune interview. Un comble quand on sait qu'elle est le chaînon entre l'Elysée et la presse depuis près d'un demi-siècle ! D'ailleurs, quand on la contacte pour la faire parler sur sa vie, c'est silence radio. "Pour vivre heureux, vivons cachés" : voilà les seuls mots qu'elle nous a dits au téléphone, refusant toute interview.
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Elle a connu tous les présidents depuis Georges Pompidou
Alors pour en savoir plus, il faut contacter ceux qui sont au plus près d'elle et qui la connaissent bien : les journalistes. Ainsi de Philippe Goulliaud, rédacteur en chef du service politique du Figaro, qui connaît très bien Evelyne Richard. "Elle venait de sortir de la fac quand elle a fait son entrée à l'Elysée, sous Georges Pompidou, dont elle avait soutenu la candidature à la présidentielle", explique-t-il.
Au sein du palais présidentiel, Evelyne Richard s'occupait, et s'occupe toujours, des évènements auxquels participent le président : des manifestations en province jusqu'aux déplacements à l'étranger. Son rôle est de "gérer" les journalistes accrédités pour les déplacements présidentiels. "P our chaque déplacement du président, elle fait un voyage préparatoire avec les équipes de la sécurité et les coordinateurs de la télévision pour les positions plateaux, les équipements, les faisceaux... et ensuite elle encadre la presse lors du voyage officiel", nous confie Serge Marie, ancien journaliste de RMC et Europe 1.
Depuis plus de quarante ans, son professionnalisme en a fait l'une des personnes les plus respectées du "Château". "C'est une femme qui a su se faire respecter par les services étrangers et les préfets pour les déplacements du président en province", nous glisse Philippe Goulliaud, qui loue une femme "à la très grande autorité" et qu'il surnomme l"'impératrice de l'Elysée".
"Un politique, un policier, tout le monde peut se faire remettre à sa place !"
Un fort caractère qui surprend d'ailleurs les journalistes de prime abord. "Avec les journalistes, elle a de bonnes relations, même si certains n'aiment pas trop se faire engueuler par elle...", avoue le journaliste du Figaro. "Evelyne est d'un abord rugueux. Quand, jeune journaliste, vous arrivez sur les voyages, elle vous tance, vous jauge... ce n'est pas facile de faire partie du premier cercle !", se souvient Serge Marie. Et Evelyne Richard ne s'en prend pas qu'aux journalistes. "Je l'ai vue faire presque le coup de poing pour franchir un barrage de policiers qui nous empêchaient d'embarquer à l'aéroport de Bogota où nous étions arrivés avec François Mitterrand de nuit juste pour quelques heures alors que le président colombien était aux prises avec les narcotrafiquants, se souvient l'ancien journaliste d'Europe 1. Un politique, un policier, tout le monde peut se faire remettre à sa place !"
Mais c'est sans doute parce qu'elle ne s'est jamais laissée marcher dessus dans ce milieu d'hommes - encore plus sous l'ère Pompidou - qu'Evelyne Richard est encore en poste. "A chaque élection, on a cru qu'elle partirait, et depuis Pompidou elle est encore là !", s'exclame Philippe Goulliaud, qui voit en elle une femme "loyale" et dotée d'un "grand sens de l'Etat". A sa connaissance, la longévité d'Evelyne Richard au sein de l'Elysée est sans égale. Mais cette dernière, "plutôt à droite", n'est pas une femme politique en tant que telle. Elle a bien intégré le cabinet du président Mitterrand lors de son second septennat, mais l'expérience ne lui aurait pas vraiment plu. "Ce n'est pas une 'politique' mais une technicienne, ce qui explique cette longévité incroyable", confirme Serge Marie.
François Hollande lui a remis la Légion d'honneur en 2014
Quand il participait aux voyages présidentiels, Philippe Goulliaud se souvient qu'elle était "toujours élégante, elle avait les bonnes adresses dans chaque pays, et n'hésitait pas à prendre un verre avec les journalistes". Serge Marie a lui aussi une anecdote à ce sujet quand il débutait auprès de la cheftaine : "S ur place, il y avait les restaurants repérés parfois plusieurs années avant. Là n'était pas convié à la table qui voulait ! Grâce à un membre du premier cercle, j'avais fini par être accepté."
Côté vie privée, Evelyne Richard cultive le mystère. A peine sait-on qu'elle a un peu plus de 70 ans, et que son mari - avec qui elle est parfois photographiée lors de réceptions à l'Elysée - s'appelle Jean-Philippe. Le 9 décembre 2014, en signe de gratitude pour son travail au "Château", François Hollande lui a remis les insignes d'officier de la Légion d'honneur, la comparant à un "monument" de l'histoire du palais présidentiel.
Si Evelyne Richard a "une santé de fer", et une longévité vertigineuse à son poste, son départ serait pourtant proche. D'après Philippe Goulliaud, Emmanuel Macron sera sans doute le dernier président qu'elle servira. Et après ? Cette femme qui regorge d'anecdotes à faire pâlir d'envie tout journaliste a décidé de garder tout pour elle. "Elle m'a dit qu'elle ne voulait pas écrire ses Mémoires", regrette amèrement le journaliste du Figaro.
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