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La formule "Français de souche", à connotation identitaire, a été utilisée ce lundi par François Hollande. Une maladresse que beaucoup de personnalités de gauche ont déploré. Mais finalement, que peut bien vouloir dire cette expression usée par les militants d'extrême droite ? Pertinente ? Légitimement controversée ou tout simplement infondée ?
Une expression historique
D'après le démographe Hervé Le Bras, l'expression a été utilisée dès le début du XIXème siècle, mais son sens a évolué depuis. Selon ses explications relayées par Rue89, l'expression était utilisée en Algérie française pour distinguer "les Français de souche européenne" (FSE), des "Français de souche nord-africaine" (FSNA). Le Figaro ajoute que Charles de Gaulle l'avait utilisée dans un discours de 1960 en pleine guerre d'Algérie. "Certains Français de souche exigent que je renonce à l'autodétermination" avait-il déclaré, avant de préciser : "je m'adresse d'abord à la communauté de souche française en Algérie".
Des démographes à l'extrême droite
Au début des années 1990, la polémique éclate quand la démographe Michèle Tribalat réalise une étude publiée par l'Institut national d'études démographiques (Ined). Celle-ci tente d'estimer l'apport de l'immigration en France. De leur côté, ceux qui ne sont pas issus de l'immigration étudiée sont alors désignés comme étant "de souche". Un raccourci qui créera l'indignation auprès de ses confrères. Parmi eux, le même Hervé Le Bras qui, en 1998 avait répondu à Mme Tribalat en lui reprochant d'avoir "donné une caution pseudo-scientifique à une notion manipulée par l'extrême droite", selon les propos de Rue89.
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Ça ne veut pas dire grand chose
Si l'expression est aujourd'hui la préférée des mouvements identitaires et est même le nom d'un site influent d'extrême droite, Fdesouche, elle serait sans fondement. L'historien Patrick Weil expliquait en 2011 au Point que l'expression "n'a aucun fondement". "Les souches sont immobiles, tandis que les êtres humains bougent et évoluent". Un constat que la plupart s'accordent à tirer. Dans Le Figaro, Claude Allègre et Denis Jeambar pointaient eux aussi le non-sens de la formule : "il y a belle lurette que la biologie de l'ADN nous a appris que nous étions tous métis".
Pour sa part, le démographe Hervé Le Bras résume non sans humour son désaccord avec l'expression : "c'est sûr que l'Eden n'étant situé en France par aucune tradition, nous descendons tous d'immigrants à un certain horizon temporel". Et même si l'expression est rodée par les mouvements identitaires, Rue89 rappelle que le porte-parole de Génération identitaire, Damien Rieu, donne une définition assez paradoxale du "Français de souche" : "Quelqu'un qui a des ascendants européens. Ethniquement, le peuple français n'existe pas, c'est un concentré de peuples de l'Europe de l'ouest".