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Le courroux de Matignon s'est récemment abattu sur certains ministres. Edouard Philippe, visiblement très agacé, s'en est notamment pris à Julien Denormandie, en charge du logement…

Édouard Philippe passe une soufflante à Julien Denormandie : les raisons de sa colère

"Je demande au ministre de me proposer sous quinzaine un pilotage revu et sécurisé de la réforme, un plan de communication auprès des allocataires au dernier trimestre 2019, une vision actualisée des impacts individuels de la réforme en janvier 2020", s’agace Édouard Philippe, dans la lettre qu’il a adressée à Julien Denormandie, le ministre en charge du Logement, mais aussi à Gérald Darmanin (Comptes et Action publique), Agnès Buzyn (Santé et Solidarités) et Jacqueline Gourault (Cohésion des territoires). Un courrier qui, de l’avis du journal L’Opinion qui a pu le consulter, a tout d’une "belle soufflante".

"C’est violent", reconnait d’ailleurs à chaud un conseiller gouvernemental, dans les colonnes du titre de presse.

Le Premier ministre serait très agacé par la façon dont les ministres ont géré la réforme des APL. L’évolution porte sur l’octroi de l’aide au logement, qui depuis la mise en place du prélèvement à la source pourrait être déterminé en fonction des revenus de l’année précédant la demande plutôt que de ceux de l’année n-2.

En pratique, le chantier devait débuter en janvier 2019, mais comme le rappelle le quotidien il a été maintes fois repoussé. D’abord en mai, puis en août-septembre, voire en fin d’année. Édouard Philippe a fini par le repousser à l’année prochaine… Non sans rappeler que le projet "a été annoncé et préparé dès 2017", soulignant d’ailleurs qu’à l’époque la Caisse nationale d’allocation familiale (Cnaf) et le ministère du Logement – qui freinent aujourd’hui la mise en place du projet – étaient prêt à s’engager pour une réforme menée en 2018.

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Si Édouard Philippe est si agacé par ce qu’il dénonce être un "pilotage incertain", c’est parce que cette réforme touche un sujet sensible, tant sur le plan politique que sur le plan économique. L’un des premiers scandales du quinquennat concernait la suppression de 5 euros d’APL et, chaque mois, le retard au démarrage coûte quelque 100 millions d’euros à l'État. Avec l’éviction potentielle de 1,2 million d’allocataires, le gouvernement pourrait réaliser quelque 1,3 milliard d’euros d’économies.

Édouard Philippe : un Premier ministre souvent en colère ?

Ce n’est pas la première fois qu'Édouard Philippe cède aux sirènes de la colère ces derniers mois. Début avril, il avait fait savoir tout son courroux contre certains élus qu’il accusait alors de vouloir le "monter contre le président de la République". Un coup de sang qui portait, à l’époque, sur la réforme des retraites.

"Je ne peux pas tolérer que des députés essayent de me monter contre le président de la République. Je n’en voudrai jamais à quelqu’un qui a une idée et qui débat mais j’arrêterai tous ceux qui veulent jouer le petit jeu du Premier ministre contre le chef d'État", a-t-il lancé.

"Il est incroyable que des gens se revendiquant de l’AOC d’En Marche se sentent plus légitimes que moi, qui suis Premier ministre, pour porter le programme du président", se serait-il exclamé en petit comité. "Ceux qui viennent de gauche sont tellement contents de faire de l’entre-soi, on va voir ce que ça donne si ceux de droite s’en vont", s’est-il encore agacé.