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Ils sont prêts à se lancer dans la bataille. A quinze mois de l'élection présidentielle de 2022, Les Républicains (LR) ont décidé de présenter leur nouveau programme politique et économique, rapporte Le Point. L'hebdomadaire, qui en publie les grandes lignes en exclusivité, a pu consulter le document publié le 8 décembre dernier. Et l'Institut Montaigne de souligner quelques-unes des mesures les plus surprenantes…
Dans le détail, Les Républicains entendent donc multiplier les cadeaux à l'attention des Françaises et des Français. Ils prévoient donc l'augmentation de 5% du salaire net de 90% des employé(e)s en divisant par deux le taux de la CSG sur les revenus du travail, ce qu'ils chiffrent à 25 milliards d'euros. De quoi faire gagner, aux 90% des actifs concernés, d'importantes sommes d'argent. Pas moins de 180 euros net pour toutes celles et tous ceux dont le salaire brut est de 2 000 euros, affirme Le Point.
Les Républicains n'oublient pas non plus les retraités. Preuve en est, ils entendent supprimer, tout simplement, la hausse de la CSG décidée par Emmanuel Macron et qui grèvent leur budget depuis. Par ailleurs, ils évoquent aussi une diminution des cotisations patronales de près de 25 milliards d'euros avec dans l'idée d'améliorer la compétitivité des entreprises hexagonales. Ils souhaitent aussi, sans grande surprise, l'augmentation du temps de travail des fonctionnaires, quitte à supprimer les postes des agents devenus superflus. Enfin, le parti de droite propose aussi une baisse de la TVA pour les hôtels et les restaurants. Autant de promesses qu'il sera peut-être dur de remplir…
La droite est-elle en train de se convertir à "l'argent magique" ?
"Les Républicains se seraient-ils laissés envoûter par les charmes de l'argent magique ?", questionnent d'ailleurs nos confrères, qui soulignent combien ces propositions pourraient coûter cher à l'économie française. François Ecalle, magistrat en disponibilité de la Cour des comptes les a d'ailleurs passés en revue. Et il est sans appel… Si Les Républicains sont élus en 2022 et qu'ils appliquent ce programme, il faudra alors s'attendre à un déficit "abyssal". En tout et pour tout, le parti de droite propose en effet quelques 70 milliards d'euros de baisse des prélèvements obligatoires, tandis que les recettes ne grimperaient "que" de 28 milliards. Comprendre : un trou de 42 milliards d'euros. Dans le meilleur des cas. La droite a-t-elle perdu le sens de la rigueur budgétaire qui faisait son identité ?
Nouveau programme de la droite : Les Républicains sont-ils en train de perdre leur identité politique ?
"Dans le contexte actuel, prôner une politique de rigueur budgétaire ne saurait s'avérer très porteur. En somme, ils apportent une réponse assez attendue à la crise sanitaire", estime pour sa part Raul Magni-Berton, enseignant-chercheur en sciences-politiques à l'Institut d'Etudes Politiques (Sciences-Po) de Grenoble. "C'est même une réponse un peu obligatoire. Tout le monde ira forcément dans ce sens là", commente-t-il encore. "En l'état actuel des choses, il est mécaniquement difficile de demander aux Françaises et aux Français de se serrer davantage la ceinture. Ce serait un discours assez inaudible", poursuit-il.
D'autant plus, estime le chercheur, que les cadres du parti se sont assurés de rester cohérent avec leur ligne habituelle. "En consultant le programme, je trouve que la droite conserve assez clairement son identité politique. Les Républicains commencent par expliquer que trop d'argent a d'ores et déjà été dépensé et qu'il devient donc urgent de faire preuve de rigueur. Sur le fond, toutes les mesures qu'ils proposent entrent en contradiction avec cet objectif, c'est vrai. Mais sur la forme, ils ont à coeur de maintenir une certaine cohérence", analyse le spécialiste.
Mais si le fond change, les Françaises et les Français qui se reconnaissent à droite ont-ils matière à s'inquiéter ?
Que devient la droite de gouvernement, si elle ne prône plus la rigueur économique ?
"En somme, le programme proposé par la droite se fait désormais plus étatiste et plus protectionniste, au moins sur le plan européen. Les Républicains s'éloignent donc du volet libéral", analyse Raul Magni-Berton, pour qui cela ne résulte pas uniquement de la conjoncture.
"La République en Marche a su capter tout ou partie du thème politique libéral. Le Rassemblement National occupe, pour sa part, le volet nationaliste. Entre ces deux gros partis, Les Républicains se retrouvent mécaniquement encerclés. Il leur faut donc trouver un autre créneau", poursuit le politologue, pour qui LR reste très fort auprès de la France rurale, d'autant plus qu'Emmanuel Macron ne l'a guère épargnée.
De plus, le programme dont il est question a été édité avant que n'émerge un quelconque candidat. Il est donc, c'est mécanique, sujet à évolutions. "Cela va de soi : quand des figures de la droite vont s'affirmer et se lancer dans la campagne, le programme sera retouché. Personne n'a intérêt à publier un programme définitif en premier", rappelle l'enseignant chercheur, pour qui la position la plus confortable est celle de celui qui répond. "Cependant, ce document de travail permet de mobiliser les troupes en interne", souligne-t-il aussi.