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Il est de notoriété publique que les animaux ne vont pas aux toilettes. Bien que certaines espèces aient tendance à s’isoler pour faire leurs besoins, il s’agit avant tout d’une mesure de sécurité ayant pour unique but d’éviter de croiser un prédateur. Et même si les chats domestiques ont une litière, dans la nature, ils n’ont d’autres choix que de déféquer en plein air. Chez eux, pas de tabou ! Pis encore, certaines espèces se servent de leurs excréments pour marquer leur territoire, pour se donner des nouvelles comme les paresseux ou pour s’orienter à l’image des hippopotames.
Côté humains, les selles sont associées à la puanteur, la saleté, voire la maladie. Le poop-shaming (la honte du caca, en français) est même parfois considéré comme l’ennemi du couple, chacun y allant de sa petite astuce pour aller aux toilettes incognito ou pour masquer la puanteur. En bref, il s’agit d’un sujet tabou. "Certains spécialistes avancent une hypothèse génétique : au fil de l’évolution, les hommes auraient appris qu’ingérer des excréments est dangereux, ce qui expliquerait ce dégoût. Quoi qu’il en soit, dès les débuts de la sédentarisation, les hommes se sont posé la question de l’évacuation de leurs déchets corporels afin d’éviter de vivre dans la saleté et les relents nauséabonds", explique Caroline Balma-Chaminadour, journaliste et auteure de Le livre (très sérieux) du caca : Le transit au-delà des tabous (Editions Jouvence).
Pour autant, à différentes époques, certains peuples ont noué une relation particulière aux excréments. "Il n’y avait, semble-t-il, ni tabou ni intimité dans les latrines romaines des premiers siècles où l’on déféquait en papotant, raconte la journaliste. En Nouvelle-Zélande, les excréments étaient considérés comme de la nourriture pour les morts. Lorsqu’un guerrier maori se sentait défaillir, il devait mordre la structure d’une latrine du village pour se débarrasser de sa maladie. Au Mexique, la déesse Tlazotleotl était vénérée comme déesse des ordures et de toutes les déjections. On l’appelait aussi Tlaelcuani, la mangeuse d’excréments".
Une chaise percée : la technique de Louis XIV pour déféquer en public
En raison de l’absence de réseau d’assainissement, les citadins français, eux, ont longtemps eu pour habitude de vider leur pot de chambre dans la rue. Louis XIV, lui-même, faisait usage d’une chaise percée qui lui permettait de déféquer en public. Outre l’odeur pestilentielle, ce manque d’hygiène, associé à la prolifération des rats et des mouches, a provoqué de nombreuses épidémies de peste et de choléra. Puis au XIXe siècle, la science a établi le lien entre les matières fécales et les maladies, imposant peu à peu la construction de fosses étanches et le développement des réseaux d’égouts.
De nos jours, le dégoût des excréments est enseigné dès la petite enfance. "Dans les sociétés occidentales, c’est en quelque sorte la condition pour être admis ‘chez les grands’. Le pot se vide dans les cabinets, lieu fermé où l’on ne va que seul, caché à l’abri des regards extérieurs jusqu’à la fin de sa vie", développe Caroline Balma-Chaminadour. Loin d’être universel, l’accès aux toilettes salubres est un véritable enjeu de santé publique. Selon les estimations de l’ONU, 4,2 milliards de personnes dans le monde vivent toujours sans installations sanitaires.