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Pour leur rentrée, i-Télé et Europe 1 ont accueilli Marine Le Pen et Nathalie Kosciusko-Morizet mercredi 8 septembre. Arlette Chabot et Michaël Darmon ont assisté à un véritable combat sur fond d'idéologie et de crise économique : retour sur une émission très animée.
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La première du nouveau rendez-vous politique d'i-Télé et d'Europe 1, "Expliquez-vous", a été une réussite. Sur le plateau, deux des femmes les plus influentes de France. La première, ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy, a justement écrit un livre à l'encontre du parti d'extrême droite ("Le Front antinational" publié en juin dernier). La deuxième, présidente de ce parti, bâtit son argumentaire électoral comme un réquisitoire contre le mandat Sarkozy. Selon les entourages de l'une et l'autre, NKM se serait préparée très sérieusement à cette confrontation, alors que Marine Le Pen se serait contentée d'éplucher le livre discriminant son parti. Résultat, la rigueur de l'une s'est confrontée à la détermination de l'autre, offrant aux téléspectateurs un match sans gagnant, mais parsemé de nombreuses attaques virulentes.
 
Un nouveau Front national? 
 
Le débat a essentiellement porté sur l'économie et l'immigration ainsi que sur l'existence (ou non) d'un nouveau Front national. Cette idée de renouveau a été qualifiée de "gigantesque tromperie" par la ministre de l'Ecologie. Elle a exprimé l'idée qu'à ses yeux, la fille du fondateur du FN n'avait fait que nettoyer la "vitrine", mais que la "vieille boutique familiale, l'arrière-boutique, est toujours la même". Marine Le Pen a expliqué que son parti avait toujours eu à se confronter à "la formule d'extrême droite" brandie "pour faire peur aux Français", ajoutant : "Moi, je ne suis ni de droite, ni de gauche, je porte un modèle qui est radicalement différent de la classe politique française".
 
 
Sur le plan économique, Marine Le Pen réputée comme ayant certaines lacunes dans ce domaine, s'est ingéniée à demander des comptes à NKM, sur la situation actuelle. Egrenant les difficultés, NKM a assené : "Dans le cortège des malheurs de la France, Marine Le Pen joue le rôle des pleureuses". Elle a par ailleurs attaqué le souhait frontiste d'un "patriotisme économique" afin de "protéger la France du cataclysme". Au sujet de l'euro, elle a attaqué : "Vous voudriez faire croire aux Français que c'est quand une monnaie est forte que ça va mal", avant de souligner que la sortie de l'euro provoquerait une hausse de la dette de 20% et une "inflation gigantesque".
 
"Des immigrés naturalisés, ce sont des Français, madame"
 
Par ailleurs, Marine Le Pen a marqué des points lorsqu'elle a demandé à la ministre : "Madame, est-ce que vous entendez l’extraordinaire souffrance du peuple ?". Paniquant vraisemblablement, NKM a laissé passer un petit blanc en cherchant dans ses notes, laissant dire par son adversaire : "On voit la polytechnicienne…" et trancher : "Plutôt que de montrer des graphiques illisibles, vous feriez mieux de parler avec votre cœur."
 
 
Sur l'immigration, NKM a surenchéri, décrivant la politique du FN comme étant "toujours le même fourre-tout, une espèce de bulle générale". Plus tard, Marine Le Pen l'a reprise en lui disant au sujet des "immigrés naturalisés" dont a parlé la ministre : "Des immigrés naturalisés, ce sont des Français, madame". Ceci avant d'ajouter, ironique : "Vous devriez le dire à monsieur Marleix", en référence à la sortie du sénateur UMP Alain Marleix du week-end précédent, pendant l'Université d'été de l'UMP.
 
 
A la question des valeurs auxquelles ces dames sont attachées, la ministre a répondu "la vérité" et la candidate à la présidentielle "la liberté et la démocratie". C'est pourtant au nom de "la vérité" que Marine Le Pen a pris la défense, le lendemain, d'un policier condamné pour avoir publié une bande vidéo de sécurité montrant une agression. En effet, elle écrit dans un communiqué : "Sa condamnation vise bien sûr à intimider ceux qui disent et qui montrent la vérité, à savoir le climat de violence grandissante et le laxisme qui règnent en France. Le pouvoir veut masquer cette vérité parce qu'elle souligne l'échec terrible de sa politique contre l'insécurité".