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Les paris vont bon train sur l'issue de l'audience
Depuis plusieurs jours, la rumeur circulait : le procureur, Cyrus Vance, devrait demander l'abandon des sept chefs d'accusation retenus contre Dominique Strauss-Kahn, dont agression sexuelle, tentative de viol et séquestration. Cela signifierait donc que le procès n'aurait pas lieu et que l'ancien patron du FMI serait pénalement reconnu innocent aux yeux de la justice américaine.
A la sortie de l'entrevue de sa cliente avec le procureur, l'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thomson criait au déni de justice. "Le procureur de Manhattan Cyrus Vance refuse le droit à la justice d'une victime d'un viol", a-t-il déclaré, avant d'ajouter "Il n'a pas seulement tourné le dos à une victime innocente, mais aussi aux preuves physiques et médicales".
Début juillet, l'affaire avait connu un revirement, lorsque la crédibilité de la plaignante avait été mise à mal. L'enquête a montré certaines discordances de la part de l'accusation : Nafissatou Diallo aurait menti sous serment, ce qui aux États-Unis amenuise considérablement ses chances d'obtenir gain de cause. Depuis, DSK peut circuler librement aux États-Unis, en attendant la séance du 23 août.
Une rumeur créée par le camp de l'accusation
Kenneth Thomson lui-même, l'avocat très médiatisé de Nafissatou Diallo, laissait entendre depuis plusieurs jours que le procureur de New York pencherait vers un abandon des charges. Désespoir ou stratégie ? Toujours est-il que l'avocat new-yorkais voit la perspective d'une procédure au pénal définitivement enterré.
D'autres fuites ont par ailleurs fait état d'une rencontre, jusque-là tenue secrète, entre les avocats des deux parties. Celle-ci aurait été organisée par la défense et aurait eu pour objectif de parvenir à un arrangement financier à l'amiable. Si les avocats de la femme de chambre du Sofitel ont évidemment démenti cette information, parlant de "nouvelle attaque sans fondement contre Mme Diallo", elle fragilise encore plus l'accusation.
Nafissatou Diallo devant le procureur
La plaignante déclare lors de sa première interview à Newsweek : "Je veux que justice soit faite, je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir, (...) son argent". Aujourd'hui, il semble que sa sortie surmédiatisée, dévoilant pour la première fois son visage au public, n'aura pas suffi après ses mensonges.
Quelques heures avant ce fameux rendez-vous, son avocat Kenneth Thompson avait fait une déclaration spectaculaire, au New York Times indiquant qu'il souhaitait qu'un procureur spécial soit nommé pour cette enquête. "Mme Diallo veut que Dominique Strauss-Kahn soit tenu responsable, dans toute la mesure de la loi, à la fois devant la justice criminelle et civile," déclarait-il, anticipant l'audience du lendemain. "Elle ne devrait pas voir son droit à un procès supprimé par les services du procureur de Manhattan". Il a déjà écrit une lettre en ce sens début juillet, qui est restée sans suite.
Pourquoi cette décision ?
D'une part, la perte drastique de crédibilité de la plaignante suite à la mise à nu de ses mensonges à la justice a réduit son potentiel de conviction. Par ailleurs, les avocats de DSK comme l'opinion guettent la moindre faiblesse de sa stratégie. En effet, si elle a joui au départ de l'effet David contre Goliath, très rapidement l'hypothèse qu'elle puisse avoir abusé du statut de DSK à des fins pécuniaires plane sur sa crédibilité. Le fait qu'elle ait finalement porté plainte au civil n'a pas arrangé sa situation.
Tièdes réactions françaises
En France, les commentaires restent encore prudents. Personne ne veut croire que l'affaire DSK puisse se terminer aussi vite qu'elle a commencé. Cambadélis, fidèle lieutenant de l'ancien ministre, a déclaré, dimanche 21 août : "Pour l'instant, c'est une déclaration de l'avocat de Mme Diallo qui n'a pas été avare de manœuvres dilatoires. Il est possible que les charges soient suspendues et que Dominique Strauss-Kahn soit blanchi, ce ne serait que justice, car je le crois innocent des faits qui lui sont reprochés. S'il est blanchi, laissez-le se reconstruire de l'injustice qui lui a été faite".
De la même façon, le maire de Sarcelles, François Pupponi, reste très précautionneux dans ses commentaires : "Il faut attendre la décision de la justice. On espère depuis le début que toutes les charges soient abandonnées. On a toujours dit que la version de la femme ne pouvait pas correspondre à la réalité." Les médias et analystes politiques ne manquent pas de souligner qu'un retour de celui qui était favori des sondages pour la présidentielle de 2012 jusqu'au 14 mai dernier, pourrait créer un certain remous au PS, en pleine période de primaires.
L'affaire Banon pourrait être classée sans suite ?
Dans l'hypothèse où Dominique Strauss-Kahn serait blanchi des chefs d'accusations "américains", il aurait encore à faire face à la justice française dès son retour en France. En effet, celle-ci traite l'accusation pour agression sexuelle déposée récemment par Tristane Banon. L'enquête bat son plein depuis que la journaliste a déposé sa plainte, début juillet, plus de sept ans après les faits.
Néanmoins, une source juridique du dossier aurait déclaré à l'AFP lundi 22 août que cette affaire pourrait être classée sans suites, faute d'éléments à charge. La source a expliqué qu'"une tentative [de viol, ndlr] suppose juridiquement un début d'exécution et, pour que la tentative soit retenue, il faut en outre démontrer qu'elle a échoué pour une raison indépendante de la volonté de l'auteur".
©Photo: MaxPPP