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- 1 - "On n'accepte pas la mort d'un proche, on accepte de vivre avec son absence physique"
- 2 - Quelles sont les circonstances qui rendent un décès plus difficile à accepter ?
- 3 - Première phase du deuil, le choc et la sidération : comment surmonter le déni ?
- 4 - Deuxième phase du deuil, la fuite et la recherche : comment exprimer ses émotions ?
- 5 - Troisième phase du deuil, la déstructuration : l'étape la plus douloureuse
- 6 - La dernière étape du deuil, la restructuration : comment créer un nouveau lien avec le défunt ?
Un être vous manque et tout est dépeuplé. Après le décès d'un être cher, nous passons généralement par plusieurs étapes clés, définies par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross comme étant les "sept phases du deuil". Il y a le choc et le déni, la douleur et la culpabilité, la colère, le marchandage, la dépression et la douleur, la reconstruction, et enfin, l'acceptation. Cette modélisation illustre parfaitement le trop-plein d'émotions qui envahit chaque personne qui réalise qu'il, ou elle, ne reverra jamais ce partenaire, cet adelphe, ce parent ou encore ce voisin.
Quand on traverse ce type d'épreuve, l'une des clés est de se faire aider. Un ami, un proche, un spécialiste de la santé mentale... Il est primordial de ne pas rester seul pour se reconstruire. C'est là le cœur de l'association "Mieux traverser le deuil" qui accompagne les personnes endeuillées dans ce processus de guérison. Pour Planet, elle a accepté de nous donner sa version des étapes à franchir pour arriver à l'acceptation du deuil.
"On n'accepte pas la mort d'un proche, on accepte de vivre avec son absence physique"
"On n'accepte pas la mort d'un proche, on accepte de vivre avec son absence physique et le deuil nous accompagne sur ce chemin", commence l'association. Certains éléments rendent parfois le décès plus difficile à accepter : les conditions du décès (brutal, accompagné...), les causes de la mort (naturelle, maladie, accident, agression...), la qualité de votre relation (apaisée ou non) ou encore les conditions de réalisation des obsèques.
Quelles sont les circonstances qui rendent un décès plus difficile à accepter ?
"Communément, on considérera le deuil comme traumatique lorsque les circonstances de la mort du proche sont vécues comme brutales et inattendues. Une mort qui bouscule l'ordre des choses, comme la mort d'un enfant peut être qualifiée d'inattendue, tout comme celle d'une personne plus âgée sans signe avant coureur", nous expliquent les spécialistes du deuil.
Par ailleurs, le cheminement vers l'acceptation peut s'avérer plus tumultueux si vous n'avez pas pu dire adieu au défunt, si vous avez eu une dispute peu de temps avant sa mort ou encore si vos relations étaient conflictuelles.
"Si l’expérience du deuil est uniquepourchacun, nous pouvons toutefois observer un déroulement en quatre étapes", explique "Mieux traverser son deuil"...
Première phase du deuil, le choc et la sidération : comment surmonter le déni ?
A la nouvelle d'un décès, il arrive souvent que la personne endeuillée soit dans "un état d'incrédulité, voire de déni radical". "Des mécanismes de protection se mettent en place pour préserver sa conscience de l’énormité de ce qui vient de se passer", explique l'association. Il s'agit de la première phase, la phase du choc et de la sidération.
Être attentif à ses besoins physiologiques
Sans que vous en ayez conscience, ce processus accapare votre énergie. Le premier conseil des spécialistes est ainsi de porter la plus grande attention, mais aussi le plus grand soin, à vos besoins physiologiques primaires. Mangez, hydratez-vous, dormez et respectez un certain rythme.
Dire au revoir à l'être cher
L'une des clés pour passer ce processus du deuil est de voir le corps de l'être aimé, car cela vous permet d'intégrer et de comprendre "la réalité des liens coupés à jamais". Attention : cette étape est certes cruciale, mais non indispensable. " Si la personne en deuil n’a pas la possibilité de voir le corps, elle peut préparer un rituel pour commémorer la personne disparue. Dans tous les cas, qu’elle soit rassurée, le processus de deuil se déroulera, qu’elle puisse ou non voir le corps", indique "Mieux traverser son deuil".
Après le choc, vient la fuite...
Deuxième phase du deuil, la fuite et la recherche : comment exprimer ses émotions ?
Vient ensuite la deuxième phase, qui mêle la fuite et la recherche. "La personne endeuillée mobilise une énergie colossale pour tenter de fuir la souffrance", note "Mieux traverser son deuil". Cela passe par un acharnementau travail, une hyperactivité ou encore une addiction. Le proche du défunt va, par tous les moyens, tenter de préserver la relation si brutalement interrompue. "Besoin de toucher ses vêtements, sentir son odeur, regarder ses photos et vidéos, entendre sa voix…", énumère l'association.
S'entourer des bonnes personnes
Là, une importance toute particulière doit être accordée à la communauté et aux rituels qui suivent le décès. Les cérémonies et les réunions de famille vont vous offrir une aide aussi bien sociale que psychologique, car cela vous ouvre une porte vers un réseau proche qui se rassemble autour d'un même sentiment : le deuil. Cela vous offre également l'occasion d'être reconnu comme une personne endeuillée, grâce à quoi vous vous autoriserez plus facilement à donner libre cours à vos émotions : colère, frustration, tristesse...
Laisser libre cours à ses émotions
Ce dernier point est primordial : ne vous censurez pas. "Cela participe d’une saine régulation. Il est très important d’évacuer toute surcharge émotionnelle. Oublier l’objectif de vouloir contrôler son émotion. C’est une contrainte héritée de l’éducation, qui n’a pas sa place ici dans ce que la personne en deuil vit", expliquent les experts du sujet. "Contenir les émotions ne fait qu’augmenter la pression intérieure. Dans ce cas, le corps devient le relais explicite de la surcharge avec des céphalées très douloureuses, des contractures musculaires, des crampes d’estomac, des nausées… Que l'expression de ces émotions se fasse oralement, ou à l'écrit, les accueillir et les apprivoiser contribuera au cheminement du deuil", poursuivent-ils.
"En l'absence de réseau familial et amical, le réseau associatif peut être sollicité pour accompagner le vécu émotionnel", précise-t-on.
Une fois la recherche dépassée, vient la déstructuration.
Troisième phase du deuil, la déstructuration : l'étape la plus douloureuse
Au moment de la déstructuration, la personne endeuillée réalise : "elle comprend que sa relation extérieure avec l’être aimé est définitivement rompue, que c’est irrémédiable. La douleur peut atteindre un paroxysme inédit, avec un vécu dépressif dans lequel les émotions ont une intensité considérable. Il y a une totale perte de repères et de structure, un profond sentiment de solitude". Il s'agit là de la troisième et plus douloureuse phase du deuil, qui peut durer plusieurs années.
Pour la surmonter au mieux, il n'y a pas de mystère : il faut tenir bon. "C’est une longue période au cours de laquelle la personne endeuillée peut penser qu’elle n’arrivera jamais à sortir de cette douleur profonde. Qu’elle sera à vie dans ce tunnel de larmes. Mais il n’en n’est rien ! (...) La sortie du tunnel est inéluctable. Des millions de personnes l’ont vécu et le vivront", rassure "Mieux traverser le deuil".
Être attentif aux signes de dépression
Soyez attentif aux signes d'alerte qui peuvent révéler une dépression. "Il importe de faire la différence entre vécu dépressif et dépression clinique, ils peuvent en effet être confondus et donner lieu à des diagnostics et des prescriptions médicamenteuses non adaptés. Il n’est pas aisé de les distinguer, la dépression étant une complication du vécu dépressif", détaille l'association. Au moindre doute, consultez un spécialiste sans délai, ou votre médecin traitant, pour commencer.
Une fois ce douloureux moment passé, vient la restructuration.
La dernière étape du deuil, la restructuration : comment créer un nouveau lien avec le défunt ?
C'est la dernière phase du deuil : la restructuration. "Peu à peu, un lien d’une autre nature est en train de se renouer entre la personne endeuillée et l’être aimé. La relation extérieure fait place à une relation intérieure. Lentement, la personne endeuillée commence à entrevoir la possibilité d’un retour à la vie. Elle redéfinit sa relation à elle-même, à autrui et au défunt", raconte l'association.
Le temps de la remise en question
Une fois ce long travail achevé, vient une refonte complète de toutes les idées que l'on se faisait de soi, de la vie, de la mort, des priorités et de l'existence dans sa globalité. "On porte sur soi un regard lucide et sans concession. Quel amour ai-je pour moi ? Et pour autrui ? Qui suis-je vraiment ? Vais-je me traiter dorénavant avec respect et tolérance ? Vais-je prendre soin de moi ? Vais-je laisser la culpabilité et la colère m’enfermer dans une boucle d’amertume et de mépris ? Quel sens vais-je donner à ma vie ?", énumère "Mieux traverser le deuil".
Construire une nouvelle relation avec le défunt
Certes, la relation que vous aviez avec votre proche est irrévocablement terminée. Mais vous avez maintenant l'occasion de créer un lien intérieur avec le défunt, ce qui est, selon l'association, "le signe manifeste d'un travail dedeuil bien accompli". "Pour la continuité harmonieuse du deuil, il est important de regarder l’être disparu avec une certaine objectivité, sans l’idéaliser. Voir ses défauts et ses qualités. Il est tout-à-fait possible qu’apparaissent des mouvements d’identification aux comportements ou habitudes du défunt. C’est une façon de maintenir un lien avec lui", poursuit-elle.
Accompagner les dates clés
Enfin, il faut continuer de mettre en pratique ces conseils par la suite, notamment aux dates anniversaire qui peuvent "réactiver une profonde tristesse". A l'association de conclure : "Cela est normal. Des gestes de soutien, des signes d’attention seront précieux pour accompagner la personne endeuillée lors de ces périodes anniversaire, accompagner ses dates clé en les ritualisant peut être une ressource".