Ce piège fiscal que trop de détenteurs d’assurance-vie ignorent encore

Publié par Camille Dorcy
le 27/05/2025
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3 minutes
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L’assurance-vie est perçue comme un placement sûr et avantageux. Pourtant, certains retraits peuvent avoir des conséquences fiscales insoupçonnées. Voici comment éviter ce piège qui menace votre revenu fiscal de référence.

Avec 2 025 milliards d’euros d’encours en mars 2025 (chiffres France Assureurs), l’assurance-vie est sans conteste le placement préféré des Français. Flexibilité, fiscalité allégée après huit ans, transmission avantageuse… les atouts sont nombreux. Mais derrière cette image d’abri fiscal se cache un piège méconnu : certains retraits peuvent faire grimper votre revenu fiscal de référence (RFR), même si vous avez opté pour un prélèvement libératoire. Et cela peut coûter cher.

Depuis la réforme de 2018, les gains issus des contrats d’assurance-vie sont soumis à la flat tax de 30 % (12,8 % d’impôt +17,2 % de prélèvements sociaux), sauf option pour le barème de l’impôt. Après 8 ans de détention, un abattement annuel de 4 600 euros (9 200 euros pour un couple) s’applique sur les gains… mais les prélèvements sociaux (17,2 %) restent dus dans tous les cas.

Attention : l’option pour le prélèvement forfaitaire libératoire ne signifie pas invisibilité fiscale : les revenus sont quand même pris en compte dans le RFR.

Le piège du revenu fiscal de référence

Le revenu fiscal de référence (RFR) est un indicateur clé utilisé par l’administration pour déterminer l’éligibilité à plusieurs aides ou exonérations : la taxe foncière, le chèque énergie, l’exonération de CSG sur les retraites, les bourses étudiantes…

Un retrait partiel d’assurance-vie, même modeste, peut faire dépasser les seuils de ces dispositifs, sans que le contribuable ne s’en rende compte. Et ce, même si l’impôt sur le revenu a été prélevé à la source.

Prenons l’exemple de M. Martin, 68 ans, retraité, avec un revenu fiscal de référence de 30 000 euros. Il effectue en 2024 un rachat partiel sur son assurance-vie, générant 3 000 euros d’intérêts. Il opte pour la flat tax de 30 %.

Surprise : ces 3 000 euros d’intérêts, bien que déjà fiscalisés, s’ajoutent à son RFR, le faisant passer à 33 000 euros. Résultat ? Il perd l’exonération de la taxe foncière, voit la CSG sur sa retraite grimper, et bascule dans une tranche tarifaire plus élevée pour certaines prestations.

Comment éviter ce piège ?

Pour éviter les mauvaises surprises, pensez à demander le détail des produits imposables avant de réaliser un rachat partiel. Étalez les retraits sur plusieurs années pour lisser l’impact sur le RFR, et anticipez les effets sur les exonérations et aides sociales. N’hésitez pas à consulter un conseiller fiscal pour arbitrer entre rachat et avance sur contrat.

L’assurance-vie reste un outil d’épargne pertinent, mais elle n’est pas exempte de pièges. Le RFR est une notion encore trop souvent négligée, qui peut avoir des répercussions bien au-delà de l’impôt lui-même. Avant tout retrait, mieux vaut vérifier les conséquences indirectes et ne pas se contenter de la seule fiscalité immédiate. Car ce que l’administration fiscale ne prend pas à l’entrée, elle peut le reprendre par ailleurs…

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