Les arrêts de travail sont en constante augmentation depuis 2019, en grande partie en raison de la crise sanitaire. Bien qu'une légère diminution ait été observée en 2023, leur coût continue d'augmenter. Le point.
En France, près de deux millions de personnes âgées vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre alarmant, révélé par l’association Les Petits Frères des Pauvres dans son dernier rapport, met en lumière la précarité croissante des seniors, en particulier des femmes et des personnes vivant seules.
En 2022, 10,6% des 65-74 ans étaient touchés par la pauvreté, un chiffre en augmentation par rapport à 2017 (7,5%). Le seuil de pauvreté est fixé à 1 216 euros par mois pour une personne seule et 1 824 euros pour un couple. Bien que les seniors soient globalement moins affectés que la population générale, où 14,4% des Français vivent sous ce seuil, la situation reste préoccupante pour une partie d’entre eux, particulièrement vulnérable.
Les femmes plus touchées par la précarité
Vivre en couple a un impact positif sur les revenus. Selon l'Insee, 18,8% des personnes âgées seules vivent sous le seuil de pauvreté, contre seulement 6,4% des couples.
Cependant, les femmes sont plus touchées par la précarité. Les carrières fragmentées, les temps partiels pour s’occuper des enfants ou suivre un conjoint en mutation, ainsi que les séparations, ont de lourdes conséquences sur le montant de leurs pensions de retraite.
Des retraites insuffisantes pour les femmes
L'histoire de Raymonde, 81 ans, illustre parfaitement ce phénomène. Elle touche aujourd'hui une pension de 1 100 euros par mois.
“Je me suis arrêtée de travailler pour élever mes deux enfants. Après 23 ans de travail, j'ai pris ma retraite à 47 ans, c'était possible comme fonctionnaire”, raconte-t-elle. Mais lorsqu’elle s’est séparée de son compagnon, elle s'est retrouvée en difficulté financière, surtout avec un fils étudiant à sa charge.
Des conséquences psychologiques lourdes
La pauvreté pousse également à l'isolement social. Quatre seniors sur dix ont dû renoncer à des loisirs au cours des 12 derniers moi s, comme aller au restaurant, partir en vacances ou même inviter leurs proches chez eux.
Pour Martine Bourgery, 73 ans, qui perçoit une retraite de 1 100 euros, ces sacrifices sont quotidiens. “C'est très difficile de recevoir chez moi, ou à Noël d'offrir des cadeaux à mes proches”, explique-t-elle. “Quand on m'invitait à dîner, je déclinais, parce que je ne pouvais pas arriver avec des fleurs. Lorsque mes amis allaient au cinéma, je disais ne pas avoir envie de voir le film, parce que je ne pouvais pas payer et ne voulais pas qu'ils paient pour moi”, confie-t-elle.
Une situation qui risque de s’aggraver à l’avenir
L'association Les Petits Frères des Pauvres milite pour une revalorisation du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté. Aujourd’hui fixé à 1 012 euros, cette allocation permet d’assurer un revenu minimal aux personnes âgées.
Son relèvement coûterait 2 milliards d'euros par an, selon Yves Lasnier, délégué général de l’association. Enfin, la précarité future des générations à venir est également une préoccupation. La difficulté d'accès à la propriété et l’essor du statut d’auto-entrepreneur constituent des risques majeurs pour la sécurité financière au moment de la retraite.