SociétéFrein d'accès aux aides : 73 % des séniors sont en difficulté avec l'informatique
De nombreux seniors rencontrent des difficultés avec le numérique, ce qui compromet leur accès aux démarches administratives et aux aides sociales.
IstockDe nombreux séniors rencontrent des difficultés avec le numérique, ce qui compromet leur accès aux démarches administratives et aux aides sociales.
La dématérialisation des services publics complique la vie des séniors, notamment ceux en situation de précarité. D'après un rapport de l’association Petits Frères des Pauvres, 73 % des personnes âgées qui vivent sous le seuil de pauvreté rencontrent des difficultés avec l’informatique. Ce chiffre inquiétant révèle à quel point le numérique peut être un obstacle pour les démarches administratives essentielles au troisième âge.
Des démarches en ligne de plus en plus complexes
Les services publics et administratifs se sont progressivement transposés sur internet ces dernières années. De nos jours, les impôts, la retraite, le logement, ou encore la santé se gèrent principalement en ligne. Cette transition numérique pose de réels problèmes pour les personnes âgées. En effet, 55 % des personnes interrogées par l'association déclarent ne pas être à l’aise avec les démarches administratives sur le web. Pour les plus de 75 ans, ce pourcentage atteint 28 % et même 31 % chez les 85 ans et plus.
Cette situation entraîne un découragement chez les séniors, qui renoncent parfois à effectuer des démarches pourtant essentielles, comme celles pour obtenir des aides sociales. Les témoignages recueillis dans le rapport illustrent bien ce phénomène. Ombline, 72 ans, explique : "j’ai Internet sur mon portable, mais je ne m’en sers pas parce que j’ai des problèmes de vue". René, 77 ans, confie quant à lui dépendre de l’aide d’une personne de la mairie pour accomplir ses démarches en ligne.
Une fracture numérique
Malgré les efforts pour inclure les séniors dans le monde numérique, une fracture subsiste. D'après le Baromètre du numérique 2023, 48 % des 60-69 ans et 51 % des plus de 70 ans disent rencontrer des difficultés avec ces outils virtuels. De surcroît, 17 % des plus de 60 ans n’ont pas d’accès facile à Internet, une statistique qui monte à 28 % pour les plus de 70 ans.
Ce manque de maîtrise des outils numériques devient particulièrement handicapant lorsque l'accès aux aides sociales est conditionné par la capacité à utiliser Internet. Par exemple, pour obtenir la Complémentaire Santé Solidaire, il est nécessaire de passer par une procédure en ligne ou de télécharger et d'imprimer un formulaire. Mais sans Internet ou compétences numériques suffisantes, beaucoup se retrouvent bloqués.
Un découragement face à des démarches de plus en plus difficiles
Face aux difficultés administratives, plus d’une personne âgée sur sept abandonne ses démarches en ligne, d'après le rapport des Petits Frères des Pauvres. Cela s’explique en partie par la disparition progressive du contact humain dans les services publics. De nombreux accueils téléphoniques renvoient vers des sites internet, sans offrir de réelles aides personnalisées.
L’association souligne également que les points d'accueil numérique, qui devraient aider les séniors, peuvent, eux aussi, poser un problème. Ces points sont souvent animés par des personnes en service civique, peu formées et rapidement renouvelées, ce qui limite l’efficacité de cet accompagnement.
Quelles solutions pour aider les séniors ?
Les séniors, notamment ceux en situation de précarité, ont fréquemment besoin d’un accompagnement personnalisé et régulier pour acquérir les compétences nécessaires à l’utilisation des services en ligne. Pour pallier ces difficultés, des solutions existent, comme les formations ou les ateliers d'initiation. Malheureusement, ces offres sont généralemen t limitées en termes de durée, d'accès géographique ou encore de suivi.
La plupart des séniors ne bénéficient alors que d’une aide ponctuelle, sans véritable continuité dans l’apprentissage, ce qui les laisse démunis face à des démarches de plus en plus complexes.
