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"Ils mutent tous, mais à des rythmes différents. Les virus avec un génome ARN, comme le coronavirus mutent d'ailleurs généralement plus vite que d'autres", explique Maire-Paule Kieny, directrice de recherche à l'Inserm, interrogée par Le Monde sur la potentielle existence de deux souches du Covid-19. C'est pour prévenir sa propagation qu'Emmanuel Macron décidait, le lundi 16 mars 2020, de mettre la France sous cloche pour une durée d'au moins deux semaines, à compter du 17 mars à midi. Depuis, Edouard Philippe a d'ailleurs annoncé un durcissement des mesures entrées en vigueur à l'occasion.
Si une mutation est possible, et a peut-être déjà eu lieu, il ne faudrait pourtant pas nécessairement paniquer, explique le quotidien de référence. En effet, une telle évolution n'engendre pas mécaniquement un regain de virulence puisque le virus cherche notamment à "mieux s'adapter" à ses hôtes ainsi qu'à son environnement. Pour autant, il n'est pas exclu qu'un tel processus rende un virus plus dangereux. Des précédents existent.
Le coronavirus a-t-il déjà muté, oui ou non ?
C'est une équipe de scientifiques chinois, la première, qui a évoqué la théorie d'une mutation du coronavirus Covid-19, explique le quotidien du soir. Selon les chercheurs, qui publiaient leurs résultats le 3 mars 2020, il n'y aurait plus un seul SARS-CoV-2 (l'autre nom du Covid), mais bien deux souches distinctes. L'une des deux, affirment-ils, serait plus "agressive" que l'autre.
Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont analysé 103 génomes complets de la maladie qui frappe notamment l'Hexagone. Ils ont fini par en conclure qu'il fallait différencier la souche originale, appelée S, de la souche L, celle qui a muté de la première. D'après eux, la seconde serait a priori responsable de 70% des cas constatés de coronavirus, contre seulement 30% pour la première. Par "agressivité", ils parlent donc de transmissibilité plus que de gravité des symptômes, donc.
Pour autant, comme le rappelle Le Monde, ces analyses publiées la National Science Review doivent être interprétées avec beaucoup de prudence. "Les données examinées dans cette étude sont encore très limités", nuancent les chercheurs eux-mêmes, qui estiment qu'il faudra en mener d'autres "avec plus de données nécessaires pour mieux comprendre l'évolution et l'épidémiologie du SARS-CoV-2". Une analyse qui rejoint celle de Anne Goffard, virologue au CHU de Lille.
"Quand on fait une étude comme celle-ci, on compare les séquences entre elles et on demande à un algorithme de construire un arbre phylogénétique avec des branches. Or, celles présentées, un échantillon faible, manquent d’informations qui permettent de dire solidement qu’il existe deux souches. Il est prématuré de tirer une telle conclusion", déclare-t-elle aux micros du Monde.
La grippe espagnole : un précédent de mutation très inquiétant ?
Il n'y a pas que le coronavirus qui puisse muter : en d'autres temps, c'était aussi le cas de la grippe espagnole, responsable du décès de 50 millions de morts à l'échelle de la planète, comme le rappelle 20 minutes. Un sinistre record qui fait de cette maladie "la pandémie la plus mortelle de l'histoire moderne".
Comme le coronavirus, la grippe espagnole n'a d'abord pas inquiété les autorités et la presse, quand les premiers cas furent recensés, précise Le Nouvel Observateur. Pourtant, elle a finit par tuer 3 à 6% de la population mondiale de l'époque, selon les estimations. Si comparaison n'est pas toujours raison, le précédent appelle mécaniquement à la vigilance.
La grippe espagnole ressemble-t-elle au coronavirus ?
"A mes yeux, le parallèle entre la grippe espagnole de 1918 et le coronavirus de 2020 mérite d'être établi, mais j'espère que nous n'allons pas en arriver aux mêmes effets qu'à l'époque", affirme pour sa part l'historien Claude Quétel, directeur de recherche honoraire au CNRS, qui s'exprime dans les colonnes du Figaro.
"Ce qui saute aux yeux, c'est la grande similitude des symptômes, la très haute contagion ainsi que la létalité du virus. Comme avec la grippe espagnole, ce n'est pas le coronavirus à proprement parler qui tue, mais les complications pulmonaires qu'il semble provoquer principalement", pointe-t-il du doigt, non sans nuancer son propos en rappelant combien le profil type des victimes diffère.
" Autre élément: même si le temps nous dira peut-être qu’elles ont trop tardé ou que maintenir les élections municipales était une erreur, les autorités françaises ont pris beaucoup plus rapidement qu’à l’époque la décision difficile de fermer les commerces non essentiels, les restaurants, les cafés...", poursuit l'expert.