Retraite à 66,5 ans en France : la nouvelle suggestion du COR

Publié par Alice Ernult
le 10/06/2025
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3 minutes
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Dans son rapport annuel, le Conseil d’orientation des retraites préconise un nouveau recul progressif de l’âge de départ. Une option qui provoque la colère des syndicats, déjà vent debout contre la réforme de 2023.

Le Conseil d’orientation des retraites (COR) jette un pavé dans la mare. Cet organisme, rattaché à Matignon et présidé depuis 2023 par l’économiste Gilbert Cette, vient de livrer un rapport annuel qui alimente fortement la polémique sur l’avenir des retraites. S’il ne sera officiellement adopté que jeudi, ses premières conclusions agitent déjà les débats. En particulier une proposition : repousser progressivement l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 66,5 ans en 2070. Une mesure jugée préférable par le COR parmi quatre pistes envisagées pour garantir la pérennité du système.

Les autres options (modération de la hausse des pensions, augmentation des cotisations pour les salariés ou les employeurs) sont qualifiées de “récessives”. En clair, elles pèseraient plus lourdement sur l’économie et encouragent donc un recul de l’âge du départ à la retraite. “Pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070 via le seul levier de l’âge de départ à la retraite, il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070.”

Une recommandation jugée "orientée"

Le relèvement de l’âge de départ permettrait selon le COR d’augmenter les taux d’emploi et de lisser le déséquilibre budgétaire à long terme. Le rapport indique que le déficit du système atteindrait 1,4 % du PIB d’ici 2070, malgré une amélioration temporaire prévue pour 2030.

La réaction syndicale a été immédiate. “Il y a un scandale dans le fait de ne flécher qu’une seule préconisation. Jusqu’à présent, le COR émettait des hypothèses et aux politiques de trancher. Là, c’est totalement orienté”, s’indigne le représentant de la CGT Denis Gravouil, chargé de la protection sociale et des retraites. Pour lui, Gilbert Cette “sort de son rôle” et sert “une mission commandée par Emmanuel Macron” comme le rapporte 20 Minutes. Même ton du côté de la CFDT : Yvan Ricordeau dénonce une tentative d’”électriser les débats” en pleine phase de négociations, alors que le conclave sur les retraites se poursuit jusqu’au 17 juin.

Un débat plus politique que technique

Ce rapport rallume la colère issue de la réforme de 2023, qui avait déjà suscité un rejet massif en fixant l’âge de départ à 64 ans. Pour les syndicats, revenir sur cette réforme est une priorité, non négociable. La suggestion d’un recul supplémentaire à 66,5 ans apparaît comme une provocation. "Ceux qui demandent de travailler jusqu'à 66,5 ans, ils n'ont jamais porté quelque chose", proteste Michèle, kinésithérapeute en Ehpad, sur RMC et RMC Story.

La controverse s’inscrit dans un climat où l’indépendance du COR est questionnée. La nomination de Gilbert Cette en remplacement de Pierre-Louis Bras, qui avait affirmé que “les dépenses de retraites ne dérapent pas”, est vue par certains comme un signal de reprise en main politique. D’autant que la Cour des comptes, dans un récent rapport, nuance l’intérêt financier du recul de l’âge légal : efficace à court terme, cette stratégie perdrait en impact sur le moyen et long terme.

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