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Il est devenu célèbre par l’atroce personnage de Barbe-bleue. À la fin du XVIIe siècle, Charles Perrault reprend un conte populaire du royaume, La Barbe Bleue. Il y raconte l’histoire d’un homme très riche mais qui est aussi très laid à cause de sa barbe d'une couleur étrange. Ses précédentes épouses ont toutes disparues dans d’étranges circonstances, ce qui pousse ses prétendantes à refuser ses avances. Finalement, l’une d’elles – attirée par les richesses de celui qui la courtise – accepte de l’épouser et s’installe avec lui.
Gilles de Rais : l’homme qui a inspiré Barbe bleue
Curieuse, la jeune femme pénètre vite dans une pièce qui lui est pourtant interdite et où elle découvre l’horreur : les corps de celles qui l’ont précédée sont toutes accrochés au mur, dans une pièce baignée de sang. Son époux découvre sa trahison et s’apprête à l’égorger, mais elle est finalement sauvée par ses deux frères, venus à sa rescousse. Riche et veuve, la jeune femme coule des jours heureux avec un homme bon.
Cette histoire, que connaissent tous les grands enfants, aurait été inspirée d’un homme bien réel et aux crimes beaucoup plus atroces, Gilles de Rais. Maréchal de France, cet homme est issu d’une grande famille de Bretagne et se bat au côté de Jeanne d’Arc pour lever le siège d’Orléans. Présent lors du sacre du roi Charles VII à Reims, c’est une des figures les plus importantes du royaume et un homme que l’on respecte autant que l’on craint. Carrière militaire à son apogée, fortune immense, mariage réussi… Tout semble sourire à cet homme décrit comme courageux et n’ayant pas peur d’aller au combat.
Pourtant, derrière le vernis, le bois est bien plus sombre. Selon Georges Bataille, qui a publié une biographie de Gilles de Rais en 1959, celui-ci a été élevé par son grand-père maternel à la mort de ses parents, un « homme violent et sans scrupules ». Le jeune garçon, à l’époque, est autorisé à faire ce qui lui plaît car il grandit en ayant le sentiment d’être au-dessus des lois. À la mort de son aïeul en 1432, il hérite d’une vaste fortune et de nombreux châteaux. Le militaire a 28 ans et ne cesse d’étaler sa richesse aux yeux de tous, voulant toujours impressionner.
Cette année-là, l’homme à qui tout sourit bascule dans une folie meurtrière, qui ciblera de (très) jeunes enfants. En seulement quelques années, Gilles de Rais passe d’homme exemplaire à tueur sanguinaire, l'un des pires que la France ait connu jusqu’à présent.
Gilles de Rais : les sévices qu'il faisait subir aux enfants
Qualifier Gilles de Rais de tueur en série est anachronique puisque l’expression est apparue avec l'essor de la criminologie et du profilage au XXe siècle. Pourtant, le jeune Maréchal de France a un mode opératoire bien défini, auquel il ne déroge pas. Selon le magazine Géo, il demande à ses hommes de mains d’enlever de jeunes garçons de la région où il se trouve. Le mensuel précise qu’il les aime « jeunes et, s’ils sont pré pubères, c’est encore mieux ». Viol, torture, égorgement ou dépeçage à mains nues… Il fait preuve d’un sadisme hors norme, toujours sous les yeux de ces hommes de main, forcés d’assister à la scène.
Cité par Géo, l’écrivain George Bataille écrit, dans son livre de 1959 : « Gilles se vanta [lors de son procès, NDLR] (…) d’avoir ‘plus de plaisir au meurtre des enfants, à voir séparer leurs têtes et leurs membres, à les voir languir et à voir leur sang, qu’à les connaître charnellement (…)’. Quand à la fin les enfants reposaient morts, il les embrassait, ‘et ceux qui avaient les plus belles têtes et les plus beaux membres, il les donnait à contempler, et il faisait cruellement ouvrir leurs corps et se délectait de la vue de leurs organes intérieurs ».
Si la justice du XVe siècle n’est pas celle du XXIe siècle, ces nombreuses disparitions d’enfants ne passent pas inaperçues. Alors qu’il se croyait au-dessus des lois, Gilles de Rais est arrêté en 1440 dans son château de Machecoul (Loire-Atlantique).
Gilles de Rais : ceux qui ont inspiré ses crimes sanguinaires
Combien d’enfants ont été victimes des sévices de Gilles de Rais ? On estime qu’au moins une centaine de jeunes garçons sont tombés dans son piège, mais ce chiffre peut monter jusqu’à 800, selon les données les plus hautes. Arrêté dans un de ses châteaux, le meurtrier sadique ne met pas longtemps à avouer ses crimes, car les preuves sont accablantes. Selon Géo, voici ce qu’il dit à son procès à propos de ces crimes : « Il les fit et les perpétra suivant son imagination et sa pensée, sans le conseil de personne et selon son propre sens, seulement pour son plaisir et sa délectation charnelle ».
Dans son livre Les bûchers de Sodome, publié en 1986, l’historien Maurice Lever retranscrit des propos tenus par Gilles de Rais à son procès. Il aurait expliqué avoir trouvé son inspiration dans des livres laissés par son grand-père, dont un affirmant que « Tibère, Caligula et autres Césars jouaient avec des enfants et prenaient un plaisir singulier à les martyriser ». Il aurait donc décidé de les imiter, en suivant les gravures de l’ouvrage…
Condamné au bûcher pour l’ensemble de ces crimes, Gilles de Rais a droit à un dernier traitement de faveur, même dans la mort. Son statut de Maréchal de France et ses exploits sur les champs de bataille lui accordent le droit d’être étranglé avant d’être jeté au bûcher. Il ne meurt donc pas brûlé vif, mais son corps est réduit en cendres.
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