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La retraite, un cap difficile qui bouscule son identité personnelle
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, la retraite devient une période de plus en plus importante dans nos vies. En effet, rien qu’en France, le nombre des retraités sur la population totale est aujourd’hui de 3 à 4 pour 10 personnes, mais pourrait passer à l’horizon 2040 à 6 ou 7 pour 10 d’après les prévisions du commissariat général au plan. Comme le précise Sébastien Garnero, psychologue clinicien, sexologue et psychothérapeute interrogé par Planet , la retraite est "un cap important de sa vie qui nécessite de faire le deuil de sa jeunesse, mais aussi de son activité professionnelle".
Retraite : "Un deuil" et "une redéfinition de soi"
Selon le psycothérapeute, "la retraite apparaît comme une transition, un repositionnement et une redéfinition de soi". En effet, quel que soit l’âge du passage à la retraite, celle-ci s’inscrit dans "une rupture avec un certain rythme de vie qui était ponctué par l’organisation du travail, des contraintes horaires, des obligations familiales". Pour certains cette phase peut en effet être particulièrement difficile car leur "vie était exclusivement centrée autour du travail". En effet, lorsqu’on arrête sa carrière, et que l’on quitte son emploi, c’est aussi un "statut que l’on perd, et pour beaucoup de personnes, la retraite tant attendue, porteuse d’espoir, est aussi un moment difficile, vécu comme un vacillement de son identité".
Le Dr Sébastien Garnero estime que "la retraite invite chacun à s’interroger sur son rapport au temps, aux valeurs, et à ce qui peut constituer sa continuité d’être, son identité". La retraite est une étape de la vie, au même titre que l’enfance et l’adolescence et fait partie de l’ensemble des "phases et crises existentielles de la vie" selon l’enseignant à l’université de Paris. Pour le psycothérapeute, "elle amène à une forme de rupture avec le passé, et implique un deuil, au même titre que l’entrée dans phase de le vie d’adulte qui implique la perte de l’enfance, et le dépassement de l’adolescence". Cette transition va entraîner une nouvelle période de vie pour les nouveaux retraités car "il va falloir investir dans un nouvel environnement social, au travers de nouveaux champs d’expression, de nouvelles relations interpersonnelles, de couple, familiales".
Un sentiment d’inutilité qui peut entraîner des dépressions
Malgré la généralisation du temps libre, et de la culture des loisirs, certaines personnes s’étaient jusqu’alors épanouies essentiellement dans "leur travail, leur progression de carrière, les responsabilités, leur statut professionnel, agissant comme des miroirs narcissiques valorisants de l’image d'eux-mêmes". Pour ces personnes, le psycothérapeute explique que "l’arrêt de leur activité professionnelle correspond souvent à un un cap particulièrement difficile qui peut s’accompagner d’une phase dépressive, ou d’équivalents dépressifs avec un certain repli, isolement, perte d’intérêts,sentiment d’inutilité".
Comme la plupart des phases de transition, le Dr Garnero assure que "l’accession à une retraite épanouie va passer le plus souvent par trois phases : une phase de retrait, une phase de perte (le deuil), et une phase de renaissance au travers d’une redéfinition de soi et d’acceptation de cette nouvelle vie qui s’amorce". Mais au-delà de la redéfinition de son identité, c'est aussi le couple qui doit être reconstruit et réorganisé au moment de la retraite...
Retraite : comment redéfinir sa vie de couple
Au moment de la retraite, au-delà de son identité, c’est aussi la vie de couple qu’il faut savoir redéfinir. Autrefois impliqués chacun dans sa vie professionnelle, la cohabitation permanente et soudaine avec son partenaire de vie peut être complexe à gérer. "La vie de couple peut effectivement être chamboulée par la retraite de l’un des partenaires ou des deux. Auparavant, la vie était rythmée par les allers et venues entre le travail, le domicile, les périodes de congés créant ainsi des respirations individuelles dans le couple. La mise à la retraite créée une rupture de l’équilibre et du rythme dans le couple, avec une perte de repères, et de questionnements sur son identité, ses choix, sa vie", détaille Sébastien Garnero.
La retraite "peut modifier l’équilibre global du couple”
En effet selon le sexologue, "parfois, le fait de vivre ensemble en permanence confronte certains couples à des problématiques qui étaient restées en sourdine durant la vie active, et refont surface dans ce face à face que peut représenter la retraite pour ces couples". La confrontation quotidienne devient alos le détonateur de problèmes autrefois cachés par une vie active. Dans le même sens, "la vie de couple s’est construite dans une forme d’équilibre parfois fragile, comme un véritable écosystème", où la modification d'un élément (rythme de vie, travail, rapport au temps, à l’espace, facteurs de vieillissement, de maladie, facteurs économiques, baisse de niveau de vie…) peut "modifier l’équilibre global du couple".
La nouvelle cohabitation imposée peut "impliquer une certaine tension, voire des rapports de force au sein du couple"Dr Sébastien Garnero, psychothérapeute et sexologue.
Le psychothérapeute précise que la retraite amène de nombreux changements dans le mode de vie. "À titre d’exemple, le face-à-face permanent entre les partenaires du couple va parfois impliquer une nouvelle donne dans les territoires, le partage des espaces domestiques, des rôles de chacun, de la répartition des tâches". Selon lui, la nouvelle cohabitation à la maison imposée peut "impliquer une certaine tension, voire des rapports de force au sein du couple". S’il s’avère qu’un des membres du couple vit particulièrement mal le passage à la retraite, ou bien décompense psychologiquement sur un mode dépressif, on réunit tous les éléments pour le couple et son écosystème explose.
Dans ces cas de figures, le Dr Garnero conseille de consulter un spécialiste en santé mentale pour vous accompagner tel qu’un psychologue, un psychothérapeute ou un psychiatre. Un accompagnement jugé indispensable pour sortir de cette phase délicate. "Un suivi en psychothérapie individuelle et/ou de couple pourra être proposé en fonction des problématiques spécifiques", conclut le psychothérapeute.
Comment préparer et vivre sa retraite sereinement
Pour parvenir à anticiper cette période transitoire très complexe à gérer émotionnellement et psychologiquement, il est important de préparer sa retraite en amont, quelques années avant. Le Dr Garnero assure qu’il est essentiel de "commencer à développer d’autres pôles d’intérêts et d’investissements personnels que le travail" ou de "construire un projet de vie nouveau en fonction de ses aspirations individuelles et de couple".
Après cette phase de transition du passage à la retraite, vous devez aussi débuter des activités qui vous permettent de maintenir un lien et des interactions sociales (culture, loisirs, sport, hobbies…). De manière générale, le psychologue conseille de "rester actif sur tous les plans (intellectuel, physique, culturel, familial, social…)". Afin de garder un moral au beau fixe, le spécialiste recommande également de "continuer ou de se mettre à des activités physiques et sportives qui permettent de lutter contre le vieillissement, la sédentarité, et de conserver un bon état de santé même à des âges avancés". Autre point important au moment de la retraite, il est crucial de "développer un mode de vie sain : sommeil et équilibre alimentaire". En effet, le sommeil réparateur et l’alimentation équilibrée sont les bases de la longévité en bonne santé quand on les associent également à l’activité physique, constituant ainsi une véritable cure de jouvence.
Pratiquer des activités favorisant la relaxation
Autre astuce pour être heureux à la retraite, "pratiquer des activités favorisant la relaxation, la détente, le bien-être, l’épanouissement dans le calme et la sérénité tels que le yoga, la méditation ou le taï chi". Sébastien Garnero assure à Medisite que "toutes ces activités permettent de stimuler en douceur la physiologie, et de prévenir une éventuel déclin physique, psychique et cognitif". D’un point de vue psychologique, il est aussi important de "s’exposer régulièrement à la lumière naturelle, au soleil doux qui régénère et permet le plein d’énergie". C’est important pour le moral, notamment l’hiver et en fonction de l’âge, sachant que plus on avance en âge et plus les besoins en vitamines D doivent être compensés. Sans compter l’intérêt pour lutter contre l’ostéoporose, les problèmes de calcification, et les bienfaits pour le système immunitaire.
Surveiller sa santé, et veiller aux différents examens de routine et dépistages réguliers est également un bon moyen d'affrotner cette période de notre vie. En effet, "à partir de 50 ans, les principaux dépistages et la prévention de certains cancers sont communs, et gratuits (colorectal, sein…) et peuvent faire partie de bilans de santé réguliers". Au-delà du physique, “prendre soin de sa santé psychologique et sexuelle en consultant en fonction de ses difficultés, projets, désirs” est essentiel selon le Dr Garnero. Il conseille aux futurs retraités de "s’investir dans des causes, œuvres, associatives, caritatives qui ont un sens en fonction de ses valeurs". Cela relève du "principe de générativité" en psychologie. Cela permet de se situer "dans la transmission, savoir donner de soi et transmettre à la génération suivante".
Cultiver sa vie sociale
Dans le même ordre d’idées, il est crucial de savoir "cultiver sa vie sociale et ses liens familiaux, amicaux, amoureux". C’ est l’un des principaux remèdes puisqu'on sait que de nombreuses études confirment l’intérêt de développer au maximum ces liens d’amitiés, de proximité et d’intimité. C’est ce qu’il ressort d’une étude longitudinale baptisée "Grant Study" réalisée par les chercheurs d’Harvard en 1938 et qui se consacre aux facteurs médicaux de santé et de bien être en fonction du temps, de la qualité de vie et de la longévité. Avoir de nouveaux projets (vacances, voyages, culturels…) et prendre soin de son couple en continuant sa vie affective et sexuelle est le remède idéal pour bien vivre sa retraire. En effet, "la sexualité et les liens d’attachements affectifs sont essentiels au bien-être et un remède naturel anti-âge", conclut le psychothérapeute.
Les angoisses les plus fréquentes au moment de la retraite
Les angoisses les plus fréquentes à la retraite sont de plusieurs ordres selon le Dr Garnero :
- celles qui sont liées à la solitude, l’isolement, à la crainte d’une limitation sociale/ physique/psychique, d’une réduction de sa vie sociale
- celles en lien avec le sentiment de dévalorisation sociale, l’absence de statut en lien avec une profession, l’unique référence à l’âge pouvant générer une perte de l’estime de soi
- des craintes relatives à la santé, au processus de vieillissement, à la maladie, angoisses existentielles liées à la finitude, vécu de la retraite comme antichambre de la dégénérescence, de la maladie, angoisse liées à la mort
- celles en lien avec la perte de pouvoir économique, de la baisse de son niveau de vie, d’un sentiment de déclassement social
- craintes concernant ses choix de vie, concernant sa vie de couple, une sexualité en berne ou du moins d’une vie de couple plus aussi efficiente qu’auparavant pour certains.
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