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Le 27 novembre 2013, à la maison de retraite du Césalet de Jacob-Bellecombette en périphérie de Chambéry, une pensionnaire tombe soudainement dans le coma, et décède quelques heures plus tard. Les médecins n’ont pas pu la sauver, et se posent de nombreuses questions. Cette dame âgée était en bonne santé, et rien n’explique son décès brutal. Ses proches, qui veulent comprendre, demandent l’ouverture d’une enquête. Et, stupeur : les analyses toxicologiques menées sur la vieille dame mettent en évidence une présence importante de neuroleptiques et d’antidépresseurs dans son sang. Des psychotropes qui ne lui ont pourtant jamais été prescrits.
Dans l’établissement, la psychose ne tarde pas à se répandre dans les couloirs. Car ce décès suspect n’est hélas par le premier. Depuis le mois de septembre 2012, près de 10 pensionnaires ont ainsi succombé étrangement, pour des raisons inexpliquées et alors qu’ils étaient, eux aussi, en bonne santé. Les enquêteurs décident de prendre le dossier au sérieux. Ils vont d’abord s’intéresser au personnel de l’Ehpad, et éplucher le planning des présences. Fait curieux : au moment de chaque décès, une seule et même aide-soignante est toujours de garde. Il s’agit de Ludivine Chambet, 30 ans.
Les comportements plus qu’étranges de Ludivine Chambet
Cette femme, en apparence sans histoire, semble très proche des résidents, qui se confient volontiers à elle. Mais rapidement, les témoignages de ses collègues font état d’une autre vérité. Ludivine, qui travaille depuis l’été 2012 dans l’établissement, aurait des comportements plus qu’étranges. Elle pousse des cris dans les couloirs, et s’isole souvent.
Placée en garde-à-vue, la jeune femme ne va pas tarder à avouer. Calmement, la soignante explique aux enquêteurs qu’elle a simplement voulu « abréger » les souffrances de ces pensionnaires, car elle ne « supportait pas de voir leur douleur ». Sauf que ces personnes, âgées de 76 à 96 ans, n’étaient pas en fin de vie, et ne souffraient d’aucun problème de santé grave.
Ludivine Chambet raconte qu’elle aurait ainsi administré un puissant cocktail de psychotropes à 9 d’entre eux, en l’espace de seulement quelques mois.
A l’issue de sa garde à vue, elle est mise en examen pour « empoisonnements sur personnes vulnérables » et placée en détention provisoire.
Les dépouilles de ses victimes présumées sont alors exhumées, et des analyses sont pratiquées. Elles vont toutes révéler un taux anormal de médicaments dans leur sang. Pire, encore : trois autres pensionnaires, qui ont miraculeusement survécu, auraient aussi ingérés le terrible cocktail préparé par l’aide-soignante.
Au total, la jeune femme aurait empoisonné pas moins de 13 résidents.
Ludivine Chambet : un vie cabossée et un profil déroutant
Celle que l’on surnomme désormais « l’empoisonneuse de Chambéry » n’a pas un profil commun. Née prématurée, Ludivine grandit avec une maladie génétique rare, et sa carrure devient imposante. Sa vie familiale est tout aussi particulière : elle est très proche de sa mère, Solange Chambet, qui la couve et l’étoufferait presque. Ludivine, complexée par son physique atypique, est traitée pour dépression depuis l’âge de 18 ans. Elle a peu de relations en dehors du lien maternel.
En 2012, Ludivine apprend que sa mère souffre d’une grave leucémie. Solange décède en juin 2013.
Le deuil est extrêmement compliqué pour Ludivine. Déstabilisée, sans son pilier et son repère, la jeune femme sombre, jusqu’au crime…
Pourtant, dans un premier temps, l’aide-soignante fait bonne impression dans cet Ehpad où elle est recrutée à l’été 2012. On la décrit comme une personne gentille, discrète, toujours prête à aider…Elle était notée 20/25 par sa hiérarchie, en décembre 2012, alors même que les premiers malaises avaient déjà eu lieu. En mai 2013, Ludivine obtient d'ailleurs une promotion.
Mais alors, comment expliquer sa folie criminelle ?
Ludivine Chambet : quel est son mobile ?
Pour les experts psychiatres qui l’ont examiné en amont de son procès, Ludivine Chambet est un « cas rare ». S’ils affirment que l’aide-soignante a vécu le décès de sa mère comme un « traumatisme », rien ne semble expliquer pourquoi elle a décidé de s’en prendre à des résidents sans défense.
Les psychiatres s’accordent toutefois pour dire que son discernement était altéré au moment des faits, en partie à cause d’une « grande solitude psychique » et d’un « syndrome dépressif majeur ».
Lors de son procès, en mai 2017 devant les assises de la Savoie, Ludivine réitère sa volonté « d’apaiser » les résidents. Avant d’ajouter : « C’est toujours un questionnement pour moi de savoir pourquoi cet enchaînement, pourquoi j'en suis arrivée là... »
Des propos qui sonnent creux pour les parties civiles.
Pour le Dr. Blachère, qui a pu s’entretenir avec l’accusée, Ludivine aurait pu « chercher son propre apaisement dans un « rituel d'empoisonnement ». « On est dans l'ordre de la pulsion mal maîtrisée, qui s'abat sur des victimes choisies au hasard », poursuit l’expert.
Au terme des débats, Ludivine Chambet est condamnée à 25 ans de réclusion criminelle pour avoir empoisonné 13 personnes et provoqué la mort de 10 d’entre elles. Elle est également soumise à une injonction de soin pour une période de 10 ans, et à l’interdiction d’exercer le métier d’aide-soignante.