A l'approche de l'épiphanie, l'UFC-Que Choisir a dévoilé son classement des meilleures galettes des Rois à la frangipane. Découvrez le classement au sein de notre diaporama.
Planet : Si vous exercez ce métier, c’est donc que le contact des morts ne vous effraie pas…Olivier Emphoux* : "Je n’ai pas grandi dans cet univers, mon enfance a été tout ce qu’il y a de plus normal mais j’ai toujours pensé que les morts relevaient du domaine du sacré. Et ce sentiment n’a fait que se renforcer avec le temps. Je suis ainsi entré dans l’univers du funéraire au plus bas de l’échelle il y a une vingtaine d’années et suis aujourd’hui thanatopracteur. Une expérience qui m’a permis de vérifier une théorie que j’avais développée bien des années auparavant et selon laquelle quelque chose se passe dans les quelques heures (48 heures, tout au plus) qui suivent un décès. Le défunt est alors sur le point de quitter son existence pour trouver un autre état. A ce moment-là, il est soit très calme, soit apeuré à l’idée de passer ce cap. C’est d’ailleurs pourquoi j’essaie à chaque fois de prendre le temps de m’assoir à côté du mort et de lui prendre la main pour le rassurer.
Planet : Quand avez-vous pu vérifier votre théorie pour la toute première fois ?Olivier Emphoux : C’était au début de ma carrière. J’avais été appelé pour aller récupérer les corps de deux enfants à la morgue d’un hôpital. Quand je suis arrivé, le responsable avait une mine défaite et m’a dit qu’il était incapable d’aller les chercher dans les frigos. J’y suis donc allé. Là, j’ai découvert une petite fille de dix ans qui avait encore les yeux ouverts, je les lui ai fermés, et un petit garçon de quatre ans en pyjama, les poings serrés. Je me suis occupé de leurs corps et les ai ensuite emmenés pour la présentation à leur famille. Une fois les cercueils scellés, je les ai mis dans le corbillard et ai conduit jusqu’au lieu où ils devaient être inhumés. J’étais seul dans le véhicule. A un moment pendant le trajet, j’ai entendu des cris d’enfants. Je me suis arrêté et suis descendu pour voir si les bruits ne venaient pas des cercueils. Après tout, on lit parfois dans les journaux que des gens se réveillent à la morgue. Mais là, il n’y avait plus aucun bruit. J’ai donc redémarré en me disant que mon imagination m’avait joué un tour. Mais les cris ont recommencé. Comme j’étais certain de les entendre, j’ai alors compris que cela ne venait pas de moi mais d’un phénomène paranormal.
Planet : Avez-vous ensuite cherché à savoir ce qui était arrivé à ces deux enfants ?Olivier Emphoux : J’ai ensuite appris que leur mère avait décidé de vérifier s’ils savaient nager en plongeant leur voiture dans un étang. Ils étaient tous les trois à bord, la mère au volant, les deux enfants attachés à l’arrière. Elle s’en est sortie mais les deux petits sont morts…
Planet : Vous demandez-vous parfois pourquoi vous êtes témoin de ces phénomènes paranormaux ?Olivier Emphoux : Non, je ne cherche pas à savoir pourquoi. On ne peut pas expliquer ces phénomènes irrationnels en étant vivant. Chercher à comprendre leur origine et pourquoi j’en suis témoin serait le meilleur moyen de ne plus rien voir. Les autres thanatopracteurs qui ont assisté à ce type de phénomènes, en France ou à l’étranger, sont comme moi : ils en parlent très peu. Que ce soit aux familles des défunts – par respect on ne les questionne pas – entre eux ou avec leurs collègues. C’est comme ça, ça ne se fait pas.
Planet : Vous avez pourtant écrit un livre pour raconter ce dont vous avez été témoin…Olivier Emphoux : C’est différent. Le livre est né tout seul. Annette Gefffroy est tombée sur mes notes et a eu envie de les mettre en forme. Le but n’était pas de chercher à comprendre ce qu’elles pouvaient révéler mais simplement d’en rendre compte.
Planet : Y-a-t-il des phénomènes plus marquants que d’autres ?Olivier Emphoux : Il y a notamment eu la fois où je faisais un soin à domicile, seul dans une pièce avec le défunt. A un moment, le corps s’est soulevé à un mètre de hauteur, jusqu’à atteindre la hauteur de mes yeux…. J’ai encore du mal à décrire l’effet que cela m’a fait. Je ne savais plus quoi dire ou faire, j’étais tétanisé.
Il y a aussi eu la fois où, avec trois de mes collègues et alors que nous déplacions le cercueil d’un homme sur un chariot à l’hôpital, nous avons été témoins d’un phénomène très troublant. Nous venions de passer une porte que nous avions silencieusement refermée derrière nous. Dans notre métier, nous devons sans cesse veiller à être invisibles. On dit souvent que la famille du défunt ne doit pas nous voir arriver ni vous voir repartir. Mais tout d’un coup, la porte s’est rouverte et refermée dans un fracas. Ensuite, pendant que nous avancions avec le chariot, nous avons entendu un bruit de métal régulier. Ce bruit nous suivait et s’arrêtait en même temps que nous. Arrivés dans l’ascenseur, j’ai regardé dans le cercueil pour voir si un objet en métal n’’était pas à l’origine de ce bruit. C’est alors que j’ai découvert des talonnettes en métal sur les chaussures du défunt… Il nous avait suivis… Quand nous nous en sommes rendus compte, nous nous sommes tous regardés, perplexes, mais aucun de nous n’a dit quoi que ce soit. Par la suite, nous n’en avons jamais parlé".
*Olivier Emphoux est l'auteur d' Aux portes de l'inconnu, un embaumeur raconte... (éd. de L'Opportun)