Disparus de Boutiers : l'enquête relancée, bientôt une réponse au mystère ?AFP
C'est l'affaire la plus ancienne reprise par le "pôle cold case" de Nanterre. La famille Méchinaud a disparu le soir de Noël 1972, lors d'un trajet en voiture. Pas de corps, pas d'indice... 4 kilomètres seulement les séparaient de leur domicile, et la clef du mystère s'y trouve peut-être.
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Pas d’indice, pas de piste, rien. La disparition de la famille Méchinaud le soir de Noël 1972 n’a toujours aucune explication, mais l’espoir vient de renaître. Cette affaire vieille de 50 ans a été reprise par le "pôle cold case" de Nanterre, qui se plonge uniquement dans quelques affaires non élucidées.

Tout commence dans la nuit du 24 au 25 décembre 1972, lorsque la famille Méchinaud passe le réveillon de Noël chez des amis à Cognac (Charente). Le clan est composé de Jacques, 31 ans, son épouse Pierrette, 29 ans, et leurs deux enfants Eric (7 ans) et Bruno (4 ans). Seulement quatre kilomètres séparent la maison de leurs amis de leur domicile de Boutiers-Saint-Trojan. Lorsqu’ils quittent la soirée à une heure du matin, montant dans leur Simca 1100, les parents et leurs deux enfants ne doivent donc pas mettre beaucoup de temps à rentrer chez eux. Ils n’arriveront jamais à destination.

Disparus de Boutiers : la dinde était encore dans le frigo

Les parents de Jacques Méchinaud alertent les gendarmes une semaine plus tard et, se rendant au domicile de la famille, ces derniers découvrent des cadeaux encore emballés au pied du sapin de Noël, un chéquier sur le coin d’une table et même une dinde et des huîtres dans le réfrigérateur. L’image est celle d’un repas de Noël qui n’a pas eu lieu, mais qui avait été prévu à l’avance. Jacques, Pierrette et leurs enfants ont-ils décidé de partir du jour au lendemain, sans prévenir personne ? Peu probable, car aucun vêtement ne manque dans les placards.

Les forces de l’ordre pensent naturellement à un accident, car la route empruntée par le couple de nuit longe la Charente. Sont-ils tombés dans le fleuve ? Les recherches ne donnent rien et la piste est refermée. Qui aurait bien pu en vouloir à cette famille ordinaire, d’une normalité sans ombrage, du moins en apparence ? Les gendarmes vont aller de découverte en découverte…

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Disparus de Boutiers : la femme avait un amant

Après plusieurs semaines, les gendarmes apprennent que la mère de famille avait un amant, un ouvrier viticole de deux ans son cadet, vivant dans un village voisin. Jacques Méchinaud aurait découvert la relation extra-conjugale de son épouse et le couple aurait été au bord de la séparation, selon des proches. Les gendarmes pensent alors à un suicide collectif, mais l’amant de la disparue, Maurice Blanchon, avance une autre hypothèse.

Maurice Blanchon est rapidement interrogé par les gendarmes en 1972, mais il explique que la famille aurait fui en Australie. "Le mari était allé passer deux jours en Vendée juste avant la disparition chez un camarade d’armée. Il doit savoir des choses", aurait-il dit dès le départ aux gendarmes, cité par La Charente Libre. Selon l’ancien amant de Pierrette, désormais âgé de 77 ans, les derniers mots de la disparue, deux jours avant le drame, auraient été les suivants : "Ne t’inquiète pas, ne t’inquiète pas…". Elle aurait reçu des coups de son mari au moment de la découverte de sa liaison, ajoute-t-il. Contacté par Planet, Maurice Blanchon n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire.

La découverte de cette liaison aurait-elle précipité la disparition de la famille ? L’enquête ne permet pas aux forces de l’ordre de privilégier cette piste plus qu’une autre. L’amant, de son côté, a été interrogé très récemment…

Disparus de Boutiers : l'amant "ne sait rien"

Dans cette affaire, les gendarmes ont ouvert toutes les pistes et, très récemment, celle de l’amant. Auprès de La Charente Libre, Maurice Blanchon expliquait en juillet 2020 : "Deux gendarmes sont venus chez moi pour me dire que j’étais convoqué le lendemain. J’ai été interrogé sur les disparus, ma maison perquisitionnée à la recherche d’une lettre, un de mes terrains passé à la moulinette… On m’a encore demandé si je savais quelque chose". "Depuis 48 ans je dis la même chose, je ne sais rien des circonstances de leur disparition et croyez-moi j’aurais bien aimé savoir. Cette histoire m’a beaucoup affecté", conclut-il auprès du quotidien local.

La reprise du dossier par le "pôle cold case" de Nanterre mettra-t-elle fin au mystère ? Sans indice, sans corps, sans aucun élément matériel, les enquêteurs partent de zéro, mais un nouveau regard est parfois la solution pour relancer la machine.