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Vous n’en voulez pas ? Vous l’aurez quand même ! Voici quelques semaines, le tribunal administratif a sanctionné la mairie de Montferrand-du-Périgord qui s’était opposée au déploiement de compteurs Linky sur son territoire. Cette bourgade de 200 âmes a même été condamnée à verser 1200 euros à Enedis (le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité) pour s’être opposée à l’installation de ces compteurs "communicants".
Montferrand-du-Périgord n’est pas la seule municipalité à s’opposer à l’arrivée de Linky. Près de 300 communes se sont déjà prononcées contre cette petite boîte jaune au motif qu’elle flique les abonnés et que les ondes électromagnétiques qu’elle émet pourraient être néfastes pour la santé.
Linky is watching you
Linky inquiète sur le plan du respect de la vie privée. En théorie, ce système est capable d’éteindre certains appareils électriques à distance pour lisser les pics de consommation. L’engin peut même couper le chauffage durant quelques minutes sans que l’utilisateur ait donné son accord.
Officiellement, Linky est un ami qui vous veut du bien. Il donne la possibilité de souscrire à des offres fournissant le relevé détaillé de la consommation d’un ménage - par tranche horaire quotidienne ou par appareil et peut même émettre des alertes en cas de surconsommation.
En pratique, ce petit mouchard collecte les données de consommation. Heures de lever et de coucher, heures ou périodes d’absence, présence d’invités dans le logement, nombre de prises de douche, etc. : rien ne lui échappe. Une fois par jour, entre minuit et 9 heures, le compteur envoie un rapport détaillé sur la consommation de la veille à un "concentrateur". Ce super mouchard centralise les informations sur les abonnés d’un quartier ou d’un immeuble en utilisant le courant porteur en ligne (CPL). Dans un second temps, il envoie l’ensemble de ces informations à Enedis par ondes hertziennes (GPRS).
A priori, ces données ne sont stockées qu’après accord du consommateur. Mais les potentialités du système inquiètent. Selon la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés "une analyse approfondie des courbes de consommation pourrait permettre de déduire un grand nombre d’informations sur les habitudes de vie des occupants d’une habitation".
Pour préserver la vie privée des abonnés, les échanges avec le concentrateur sont chiffrés avec une clé de 128 bits. Mais le Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) indique que le risque de piratage du compteur Linky est possible, car il utilise le CPL. Même si le risque de voir des pirates prendre le contrôle d’une installation électrique, par exemple pour désactiver une alarme, est limité, il existe. Par ailleurs, même si aucun traceur n’est - pour le moment - installé dans les appareils électriques, le piratage du système pourrait par exemple permettre de savoir si les propriétaires d’un logement sont là ou absents.
Ondes électromagnétiques néfastes ?
Le côté intrusif de Linky n’est pas le seul grief affiché par ses détracteurs. Certains affirment que les rayonnements électromagnétiques qu’il émet ont un impact négatif sur la santé des personnes électro-sensibles. Pour protéger les personnes sensibles à ces rayonnements, il faudrait que les informations récoltées par Linky via le courant porteur soient contenues par du câble blindé. Ce qui n’est pas le cas. Or, ces radio-fréquences sont classées comme "potentiellement cancérogènes pour l’homme", par l’Organisation Mondiale de la Santé. Selon les spécialistes du Criirem, elles atteindraient 0,2 à 0,4 volt par mètre à une distance de 50 centimètres à 1 mètre.
Autre menace : pour envoyer les données des différents compteurs linky au fournisseur, le concentrateur utilise des ondes hertziennes fonctionnant dans une gamme proche des antennes-relais des téléphones. Elles ajoutent ainsi un champ électro magnétique supplémentaire à un environnement qui en est déjà saturé…